Ce qui fait monter le coût d’un site web

Vous êtes un lecteur fidèle et passionné de ce blog, vous avez fait bien attention à tous les facteurs de coût de votre site, et confié sa réalisation à un professionnel. Pourtant, le jour où le site est livré, il vous a coûté beaucoup plus (trop) cher. Mais comment cela se fait il ?

Comme n’importe quel projet, la création d’un site web se gère, et les dérapages vont entraîner des surcoûts. Par ailleurs, si vous ne connaissez pas grand chose au Web et / ou que vous tombez sur une agence peu scrupuleuse, vous risquez de vous faire bêtement piéger sur des éléments qui vont vous coûter très cher, tout de suite ou plus tard.

Pas de vision stratégique

C’est simple : un site vous représente, il doit mettre en avant vos produits, être cohérents avec votre communication, se positionner sur les mots clés essentiels à votre activité, viser votre segment de clientèle.

Si vous avez de gros points d’interrogations sur ces éléments, si vous ne pouvez pas citer vos principaux concurrents en ligne, si, en résumé, vous ne savez pas ce que vous voulez dire, ou à qui, votre site a de fortes chances de ne pas correspondre à vos besoins et à vos attentes.

Notamment en ce qui concerne les mots clés, l’optimisation se pense dès le début, et si on a fait des impasses, on risque de le payer cher en refonte (ou bien de le payer cher parce que l’agence, prudente, développera beaucoup trop de fonctionnalités, “au cas où”).

N’attendez pas que votre site se structure magiquement tout seul, ne croyez pas non plus que la structure qui fonctionne pour votre concurrent sera la bonne pour vous (vous ne serez alors qu’un “me too”). N’attendez pas que votre agence web se charge de votre plan stratégique.

N’oubliez pas non plus de décrire vos processus de façon précise : je travaille en ce moment sur un cahier des charges pour un site sur le thème du vin et de la gastronomie, et nous sommes au départ partis dans des propositions trop complexes de reprises de bases de données avant de découvrir (au bout de deux semaines de discussions avec le client) que la classification des vins pouvait être créée au fur et à mesure, parce que seuls une dizaine d’évaluations par trimestre étaient faites.

Pas de vrai cahier des charges

Je voudrais un site comme celui là

Et le client repart, croyant avoir tout dit.

A vous de deviner si le “comme ça” concerne l’impression visuelle (c’est souvent le cas, même si le site a une thématique et une charte graphique totalement différente de celle de votre client, il en jette, il a des trucs qui tournent, qui bougent dans tous les sens, une jolie musique au chargement… à vous de ramer ensuite pour expliquer pourquoi tout ceci est au mieux inutile), les fonctionnalités (mais lesquelles ? Parfois on m’a montré un site en exemple juste pour le bouton like de Facebook), son référencement (mais dans ce cas, mieux vaut dire “je veux être premier sur telle requête), ou tout autre élément.

Rarement, jamais, on vous montrera un site en exemple pour sa structure, son optimisation, son backend (et pour cause), bref pour ce qui représente la majeure partie de votre facture.

Et le top que j’ai eu, face à un site fonctionnel, ça a été “je ne suis pas content de mon site, il ne marche pas, je vais changer d’agence web, combien ça me coûterait pour refaire le même ?” (Avec les défauts ou sans ?)

L’autre extrême, c’est le client qui s’y connaît. Il va choisir la solution, les plugins d’avance, sans comprendre que c’est votre décision, que si il connaît bien un système il ne les connaît pas tous, et que le site qu’il a vu ailleurs sur Drupal pourrait très bien être fait sur Joomla, ou WordPress, ou l’inverse.

Le top “Je voudrais migrer mon site de Drupal vers WordPress parce que j’ai besoin d’un blog”.

Une absence de vrai cahier des charges veut dire qu’il va se réaliser “en live”, l’agence développant, le client corrigeant au fur et à mesure des besoins qu’il sort de son chapeau, l’agence décodant et recodant…

Pour vraiment comprendre ce que cela veut dire, côté qualité et côté financement, je vous conseille la lecture de cet article sur la gestion d’un projet web en agence

Pas assez de temps disponible

Vous devez participer à la création de votre site, donner des informations, confirmer les options de l’agence. Transmettre les documents à utiliser… et surtout, si vous devez mettre ensuite le site à jour, prévoir un temps de formation. Le site le plus optimisé du monde a quand même besoin d’un contenu correct. Si vous sabotez tous les efforts de l’agence en écrivant des textes non structurés, sans mots clés, si au contraire vous bourrez vos liens de mots clés pour remplir au maximum des 256 caractères disponibles, si vous laissez tout simplement sans mise à jour un site supposé construire une communauté grâce à l’interactivité… vous aurez dépensé de l’argent pour rien.

Après ce petit tour des erreurs des clients, passons aux pièges à éviter, ceux qui sont le plus souvent tendus par des professionnels pas très scrupuleux.

Le nom de domaine est enregistré par l’agence

Cela se pratique souvent, notamment au Maroc. Mais j’ai vu le cas en France aussi. Cela vous lie complétement à l’agence. C’est comme si vous aviez mis le compte bancaire de votre société au nom de votre comptable.Ou le bail de votre boutique au nom de l’entrepreneur qui vous fait les travaux de décoration.

Pour faire très bref, les noms de domaine, au niveau mondial, sont administrés par l’ICAN. L’ICAN délègue à des sociétés appelées registrar la possibilité de créer et de vendre des noms de domaines (plutôt que vente, on devrait parler de location, puisque vous achetez votre nom de domaine pour une durée renouvelable. Les données transmises par le registrar font foi. Si le “whois” (interrogation de la base de données des nom de domaines) indique que c’est Duchmoll développeur qui possède le nom de domaine de mapetitesociete.com, mapetitesociete.com aura énormément de mal à récupérer le nom de domaine (et si il ne correspond pas à une marque ou à une activité commerciale, mais que c’est un générique du type location-voiture-marrakech.com, là ce sera mission impossible).

Or avec le nom de domaine vient le paramétrage de ce qu’on appelle les DNS, en clair le pointage qui permet pour un nom de domaine, d’afficher les données qui se trouvent sur un serveur. Et aussi le paramétrage des serveurs mails.

Donc la personne qui possède le nom de domaine a la possibilité de transférer votre beau site sur rien du tout ou sur un contenu pornographique, et de détourner tous les mails, en cas de désaccord commercial. Désaccord qui peut survenir au moment où vous souhaitez changer d’agence Web. N’est-ce pas Abdé ?

J’ai dû un certain nombre de fois prendre des noms de domaines pour mes clients à mon nom. Dans ce cas ils disposent d’un certificat écrit de ma part, que le nom de domaine leur appartient et doit leur être transféré. Mais c’est une situation que je préfère éviter.

A l’inverse, je connais une société qui fait de nombreux sites pour hôtels et riads à Marrakech et dans tout le Maroc, et qui précise dans son contrat que le nom de domaine leur appartient. Le client est coincé chez eux.

Pas d’accès à la gestion de votre site

La propriété du nom de domaine est la première étape. La deuxième étape est d’avoir les accès à votre site.Vous devez avoir les accès à :

1. l’interface de gestion de votre nom de domaine
2. l’interface de gestion de votre abonnement chez votre hébergeur (qui peut être la même si le nom de domaine est enregistré via l’hébergeur, pour plus de détails vous pouvez lire cet article sur les bases, dans la série WordPress pour les nuls)

A partir de cela vous pouvez avoir accès à l’ensemble de vos données.

L’agence peut être réticente à vous les donner, notamment si elle a mis en place un framework qui lui permet de gérer plusieurs sites facilement. Dans ce cas, elle peut ne pas pouvoir pas vous donner accès à vos données sans vous ouvrir aussi celles des autres clients… A vous de discuter avec elle, pour savoir exactement ce qu’elle peut vous fournir, comment, éventuellement avec quel coût ?

(C’est d’ailleurs la même problématique sur des plateformes de blog ou de forum hébergées et livrées clés en main. En réalité, vos données sont stockées de telle façon qu’il est impossible de vous les transférer sous forme de base de données. Au mieux, vous pouvez récupérer une copie statique de votre site, les éléments qui en composent le graphisme, etc).

En revanche, si l’agence vous donne ces accès, c’est “à titre de sécurité”. Vous ne devez pas essayer de modifier certaines choses vous même, vouloir améliorer un fichier, etc… cela peut générer des catastrophes. N’est ce pas Martin ?

Edit : à la demande de certains lecteurs pointilleux, le mot “prix” a été changé par “coût” dans le titre… Je suis trop bonne (n’est ce pas Sébastien ?)