La mythologie des entrepreneurs me gonfle…
Le blog de Fabien m’a renvoyée sur un blog que je ne connaissais pas, plutôt intéressant, d’ailleurs, bref, la grande question était “êtes-vous entrepreneur ou gestionnaire ?“.
Le mythe de l’entrepreneur, souvent valorisé, par rapport au gestionnaire, ou même par rapport au pauvre salarié qui n’osera jamais faire quelque chose dans sa vie, j’en entends parler depuis ma prime jeunesse… j’ai marché à plein aussi, gonflée à bloc à la sortie de mes études, école de commerce et golden 80ies oblige, à l’époque ce n’était pas le net mais les traders qui faisaient rêver, une icone pour autre rien n’a changé 20 ans après.
Et puis je croise aussi beaucoup de blogs d’heureux entrepreneurs échappés de France, vivant enfin plein de succès et de liberté sous des cieux plus cléments que la France rétrograde, étouffante, paperassière, qu étouffe dans l’oeuf les projets mirifiques de nos entrepreneurs avides de réinventer le monde.
Certes, je caricature.
Mais bon… ce qui me frappe, que ce soit dans ce tableau, que ce soit dans les réponses que j’y ai lues (étrangement, presque tous ceux qui y répondent se félicitent d’être entrepreneurs), c’est l’absence totale de la notion de responsabilité.
C’est d’ailleurs peut-être un des problèmes de notre économie ?
Entreprendre, c’est commencer quelque chose. C’est, sauf cas exceptionnel, entraîner d’autres derrière soi. D’autres qui ne sont pas toujours autant entrepreneurs, mais qui vous font confiance. Que serait un entrepreneur sans sa secrétaire ? Sans la femme de ménage qui nettoie son entreprise ? Sans son comptable ? Etc… un monde rempli d’entrepreneurs serait invivable, bordélique, et plein de gens qui ne font rien.
Car finalement, il semble que ces entrepreneurs se targuent surtout de ne pas vouloir / savoir gérer, d’être chaotiques, mais plein d’argent… ils préfèrent gagner 35K$ chez eux que 100K$ chez les autres (au fait… par mois ou par an ?) mais sont des millionaires paresseux pour lesquels bossent les gestionnaires.
Bon, si on enlève tout le glamour du garagiste réinventant l’informatique, qu’est-ce qu’il reste derrière tout ça ?
Le point “Préfère développer et créer plutôt que gérer” me laisse rêveuse. Comment peut-on développer et créer sans gérer ? Comment peut-on aller plus loin qu’une idée sur un bout de papier, que quelques lignes sur un blog genre “les 100 idées miraculeuses que personne n’a jamais eu avant pour créer votre entreprise et faire fortune”, sans chercher ses clients, regarder ses concurrents, prévoir son financement, etc… bref gérer ?
Comment faire pousser un jardin sans enlever les mauvaises herbes, arroser, etc ? Juste en “imaginant” les allées, les fleurs ? Comment se dire qu’on entreprend, en ne prenant que le côté agréable des choses, et en laissant au pauvre gestionnaire tout le reste ?
Et surtout, dans tout ça, quelle responsabilité ?
Une de mes amies a suivi un entrepreneur dans sa création. Un an après, faillite. L’entrepreneur travaille sur de nouveaux dossiers, son ex-secrétaire a perdu un super-job dans une grosse boite, avec ancienneté, avantages et tout….
Je connais aussi des entrepreneurs, qui sont heureux d’être de bons gestionnaires, qui pensent plus souvent à l’avenir et à la stabilité de leur boîte qu’à leur rémunération et leur bordel. Ceux-là durent, ceux-là créent de la richesse, et même si ils râlent de toutes les contraintes françaises, ils ne vont pas déménager leur boite pour autant. Et en fait, la plupart de ces “entrepreneurs” qui se proclament bordélique, chaotiques et pas gestionnaires pour un sou le sont sans doute beaucoup plus qu’ils ne veulent l’avouer.
PS : au fait, j’ai trois sociétés, une quatrième en cours de création.
Tu te prends trop la tête Marie-Aude :-)
Personnellement, je me sens plutot entrepreneur, autant fois moins gestionnaire et j’envie fortement ceux qui ont la chance d’être les deux à la fois. Tu le dis toi même, être gestionnaire, c’est la stabilité, la rigueur et beaucoup d’autres choses tellement importantes…
Se sentir entrepreneur et en être “fier”, ce n’est pas rabaisser les autres… surtout pas les employés sans qui nous ne serions rien…
Je suis tout juste gestionnaire par la force des choses, au fond de moi si je pouvais ne pas l’être…
Pour finir, il n’est pas déshonorant d’être Salarié, je ne comprend pas trop là.
@ Vodkapomme
“Tu te prends trop la tête Marie-Aude”
C’est sûr, on me l’a souvent dit, ça doit être mon côté gestionnaire qui ressort ;)
Plus sérieusement, je n’ai rien contre les gens qui se sentent entrepreneurs. Le seul problème, c’est que j’ai réagi par rapport à une accumulation de posts sur ce sujet général, y compris sur des tas de blogs que je n’ai pas envie de citer, contrairement au tien ou a celui d’où vient le truc au départ… pas envie de les citer parce qu’ils me gonflent profondément, à la différence des votres, et que seul mon côté maso (le gestionnaire est maso) me pousse à les lire de temps en temps.
D’où aussi mes commentaires sur les gens qui se targuent d’être de supers entrepreneurs, pas comme la plèbe juste bonne à pointer, à se faire exploiter, mais heureusement qu’on a des entrepreneurs, des vrais, pour sauver la France, et d’ailleurs on ne leur rend vraiment pas la vie facile, retenez – les, ils s’en vont, la France va couler … c’est dit plus ou moins clairement, du “il faut être vraiment con pour être salarié et bosser juste pour des impôts et une retraite qu’on aura pas” à d’autres pratiques, dans certains grands groupes, où on donne une super-promotion au petit jeune entreprenant, aux dépends du gestionnaire expérimenté… mais c’est le gestionnaire qui paiera les pots cassés des licenciements et des erreurs.
Ni toi ni Steph ne disent qu’il est déshonorant d’être salariés, et tous les deux vous dites qu’il faut un mélange entre toutes ces qualités et tendances pour arriver à faire des choses.
D’autres, qui me gonflent pofondément, n’ont pas la même honnêteté, ou le même bon sens…
PS: et d’ailleurs, suffit de lire sur le blog de LLM son dernier post sur la création d’entreprise et le salariat has-been…
Merde, je suis rien du tout moi dans ce test… ou un peu trop les deux à la fois…
– Je suis rêveur, mon intuition me guide beaucoup sauf que quand j’ai démarré un truc, je réflechi énormement à la façon de rendre ses rêves un peu réalité et souvent de façon très cartésienne.
– J’ai un peu trop d’idée de truc à faire, je les mets souvent en place, j’ai juste pas le temps de tout faire du coup, je fais pas tout completement. Gestionaire ? Entrepreneur ?
…
Je continue comme ca où j’arrete ? Bon, ok, j’arrete. Non, ce qui est embettant dans ce genre d’article, c’est qu’on travaille uniquement sur deux dimensions, comme si les qualité d’un entrepreneur et d’un gestionnaire n’était pas compatible. Un peu comme en politique où on ne peut pas être libéral et humaniste à la fois. On se sent obligé de se mettre dans des cases. Bha voilà, c’est con, je ne me sens ni entrepreneur, ni gestionnaire, je me sens comme je suis, je fais des trucs, ca marche pas tout le temps.
Intéressant ton propos sur mon tableau!
Bien sûr, c’est à prendre avec un grain d’humour. Ça prend de tout pour faire un monde et si l’entrepreneur n’en a que pour son nombril et regarde de haut les autres, son entreprise n’ira pas loin.
J’ai eu d’excellents employés qui sans être entrepreneurs dans l’âme apportent beaucoup à une entreprise. Le genre de type qu’on pleure s’ils osent nous quitter! ;)
Bref, mon article était surtout pour dire que je ne suis pas un gestionnaire malgré que je fasse de la gestion. Ça me prend un vrai gestionaire (comme mon père!) qui me gardera dans le droit chemin!
@ Chris… itou :) la gestion me gonfle, mais comme disait une de mes copines qui bossait à la DRH de mon ancienne boite “un chouette boulot c’est 80% de quotidien pénible, et 20% de truc super, un boulot ennuyeux c’est 99% de quotidien” :) je suis un peu comme toi, “ni ni” ou “et et”.
@Stéphane : bien compris comme ça, mon post était une réaction à un ensemble de choses, dont ton blog n’est qu’une facette… et toi, tu ne dis pas que c’est has been d’être salarié ;)
D’une manière générale, quand même, ce qui me frappe, c’est l’absence quasi générale de la notion de responsabilité dans presque tout ce que je lis sur le sujet. Ce qui ne veut pas dire que TOUS les entrepreneurs sont des irresponsables. Mais que ça ne semble pas un sujet important.
Au temps lointain de mes études, la notion d’éthique était inconnue au bataillon. Il a fallu plusieurs gros scandales pour qu’elle soit inscrite au programme des écoles de commerce, et qu’on inculque qu’on peut être un jeune loup sans pour autant déchirer la meute.
Combien de délocalisations massives, de faillites suite à “crevage de bulle” (internet 1.0 ou autres), pour qu’on explique qu’on participe autant à la politique d’un pays en y gérant une boite qu’en bossant ?
Tient, je remarques que j’ai un peu appuyé sur “entrée” sans avoir terminé ma phrase moi…
Je voulais terminé par “Je fais des trucs, ça marche pas tout le temps, j’apprends et je réessaye en faisant attention d’entrainer le moins de monde possible dans mes aventures tant que je suis pas sûr que je suis sur la bonne voie”. (En fait, il manquait pas mal de trucs quand même ;) )
Pfff… encore un entrepreneur trop pressé ;)