La photo et l’inspiration
En tant que professionnelle, je dois pouvoir faire des photos quand elles me sont commandées, et pas quand j’en ai envie. Ce qui veut dire que je dois pouvoir faire appel à un minimum de créativité à la demande, sur n’importe quel sujet (ou alors refuser la commande), et sortir une image de qualité, quelles que soient les circonstances.
C’est cela plus que la qualité de nos images en tant que telles, qui nous différencie des amateurs. Le photographe amateur fait les photos qu’il aime, le photographe professionnel fait celles qu’on lui demande de faire.
En pratique, bien sûr, les deux sont quand même liés, je ne vais pas vous faire pleurer sur l’esclavage du photographe professionnel qui enchaînerait sans plaisir des clichés comme l’ouvrier de Chaplin serrait des boulons. Quoique… en faisant de la photo de mariage au Maroc, il m’est parfois arrivé de me sentier comme un photomaton à pattes, mais c’est un cas très particulier… et malgré tout, dans ces journées là, je fais aussi des photo qui me plaisent énormément, comme celle-ci :
Il y a pourtant des endroits que je n’arrive pas à photographier, et malheureusement, la petite ville allemande où je passe une partie de mon temps, Gütersloh, en fait partie. Depuis dix ans, j’ai sans doute dû faire …. en tout et pour tout une dizaine de photos. Ce n’est pas “l’Allemagne” qui ne m’inspire pas, car dans d’autres endroits, Münster, Düsseldorf, Wiedenbrück, même un petit peu Bielefeld, bref d’autres endroits.
A Gütersloh, les seules photos que j’ai eu envie de faire sont des vues qui pourraient être prises n’importe où, abstractions, reflets dans des vitrines ou dans des rétroviseurs de moto.
Aussi, j’ai été contente quand mon associée (Web- und Marketing Beratung) a commencé à développer son activité de networking sur la région. Une page sur Facebook, des “amis”, et pour moi des sites webs que je ne connaissais pas, comme celui de ce photographe.
Chic, me disais-je, car en voyant ses portraits, j’aime ce qu’il fait.
Eh bien non…. j’aime bien les photos qui se “passent” à Gütersloh, comme celle-ci
Pottmunster in Wapelbad, Gütersloh, (c) Alexander Franz Köllner
et si vous allez sur son blog vous trouverez aussi beaucoup d’images plaisantes.
Mais celles qui montrent la ville ?
Même comme celle ci….
Flatiron Gütersloh, (c) Alexander Franz Köllner
je connais les endroits qu’il photographie, et à mon avis, on ne peux pas faire mieux. Mais … ça ne me tente vraiment pas, ça ne me donne pas envie de reprendre mon appareil et d’aller essayer à mon tour d’en tirer quelque chose. Depuis près de dix ans, Gütersloh ne m’inspire vraiment pas !
Bonjour,
Je suis confronté en ce moment à une difficulté semblable. Je travaille sur un projet de pochette de CD, affiches promotionnelle, etc., et il y a parmi les musiciens, un visage que je ne parviens jamais à photographier, tout ce que je prends de lui est quelconque, insipide, fade, beurk ! C’est vraiment curieux…
Bonjour,
ça m’est arrivé aussi avec certains visages. Une impossibilité soit à rendre ce que j’imaginais, soit à simplement trouver l’image. Dans ces cas là, pour moi c’est pire, car je ne peux pas m’empêcher de me dire que d’une certaine façon, je “loupe” aussi la relation avec la personne.
J’ai ce même sentiment, celui de passer à côté de la personne, de ne pas saisir quelque chose, une identité, une personnalité… C’est assez déroutant.
Est ce que cela t’es déjà arrivé avec des gens que tu connaissais bien, que tu appréciais ?
Non je ne crois pas et je me l’explique assez bien : je ne photographie que très très rarement mon entourage, mes amis. On me l’a quelquefois demandé mais je n’aime pas les photographies de circonstances. Toutes les fois où je m’y aventure, je n’arrive pas à grand chose, je me sens maladroit, je n’aime pas le résultat…
Je photographie souvent mes amis, rarement “à la demande”. J’aime bien accumuler des images, des instants, construire peu à peu un album, ça se superpose, comme les livrets d’enfants qui s’animent quand on fait très vite passer les pages.