Ecrire ou ré-écrire pour le web
A travers un exemple concret, voici à mon avis, la différence entre un vrai travail de rédaction, et de la production de copie au kilomètre.
Un bon rédacteur web se documente. Il recoupe sa doc au lieu de la copier servilement. Il a des sources “secrètes” qui lui permettent de trouver le petit détail différent, l’information non traduite dans sa langue…. bref, il a un prix qui dépasse text broker.
Le cas pratique, un article sur Fabergé
Hier Google nous accueille avec un joli Doodle en l’honneur de Fabergé, parfait pour un article sur mon site de communiqués de presse bijoux. Un petit tour de doc sur Wikipedia, en premier, avec la version anglaise, toujours plus complète que la version française. Je suis les liens de Wikipedia, il y a aussi un article sur la “Maison Fabergé”, par ailleurs la première page des résultats de Google mentionne Tatiana, Sarah et Théo Fabergé. Bref, en cinq recherches Google, en me cantonnant à la première page, j’ai une soixantaine de pages de documentation, et des idées pour au moins cinq à six articles.
Il est tard, je ne paraîtrai pas le 30 de toute façon, et même pour lancer l’article pour aujourd’hui, il faut que je me dépêche un peu. Je suis donc vaguement du coin de l’oeil la structure de l’article de Wikipedia, que je réécris déjà, en rajoutant des considérations sur les pays Baltes, les ligues de marchands hanséatiques (tout ça très pertinent, en fait, par rapport au sujet, mais totalement absent de Wikipedia), et je commence à tiquer un peu sur un léger problème chronologique.
Je ne vais pas rentrer ici dans les détails, mais en gros, Wikipedia retarde de deux ans le retour de Fabergé en Russie, ce qui pose ensuite des problèmes au lecteur attentif. Une brève vérification sur le Wikipedia anglais et une autre source me confirment l’erreur… j’en profite pour rajouter des détails biographiques, tirés de sources anglophones, et sur lesquels je m’appuierai pour les prochaines publications. Je lève donc autant que possible le pied sur les “Oeufs”, qui méritent une page entière, en essayant de raconter véritablement une histoire.
Le résultat : deux heures et demie de travail pour quasiment 1.300 mots, plus toute la documentation nécessaire pour au moins 3.000 mots de plus. Et un article un peu original, même si il n’apporte pas de révélations fracassantes sur Karl Fabergé, faute de temps… ah si Google nous donnait un agenda de ses Doodles :)
A côté de cela, l’article de Maxi-Sciences sur le même thème : si vous le comparez à Wikipedia, on est dans le pur décalque. Y compris l’erreur temporelle, qui n’a pas gênée le rédacteur, Fabergé rentre en 1872 en Russie, mais il reprend la direction de la bijouterie russe en 1870. A l’époque, sans téléphone, sans internet, on ne dirigeait pas à distance… Bref, pour quelqu’un qui vient de plonger dans Wikipedia, le parallèle entre les deux articles est frappant.
Usine à contenu contre “vrai contenu”
Cette comparaison a un petit côté David contre Goliath, c’est vrai. Je n’ai pas les moyens ni les armées de rédacteurs de MaxiSciences… mais avec un peu de temps et de travail, on peut produire du contenu qui passe Panda et son cousin Manchot sans trop de difficulté.
Le vrai contenu original a un coût. Mais il se détache autant du contenu “standard du rédacteur payé 15 € les 300 mots” autant qu’un confit de canard maison dégusté dans une auberge périgourdine peut se démarquer d’un BigMac.
L’avantage du rédacteur spécialisé, par rapport au généraliste, c’est qu’il n’a pas besoin de recopier Wikipedia. Si il est un tant soit peu acteur, dans son domaine, il sait déjà ce qui a été dit et redit (comme c’est mon cas pour le Maroc, où 70% des sites me font bailler d’ennui), et ne va pas perdre son temps à le redire. Il peut au contraire insérer des références dans son article, ce qui vous donne un profil de liens plus naturels.
Or c’est ce type de contenu qui est susceptible de générer de vrais liens naturels, et de vous placer sur la longue traîne. Utilisez donc les rédacteurs “à bas prix” pour vous rédiger des descriptions annuaire, des “communiqués de presse” (pas sur mes sites), et offrez-vous, pour le prix de quelques jours d’Adwords, un vrai contenu de qualité, qui ira chatouiller les plantes des pieds des Pandas et fondre la banquise sous les pattes des manchots (au fait vous connaissez le cri du manchot ? Exactement le même braiement qu’un âne triste…) . Cela sera à terme une vraie poule aux oeufs d’or… comme le premier oeuf de Fabergé !
Bonsoir Marie-Aude,
Des petites coquilles en passant “Panda et con cousin Manchot” (un lapsus ?) et “et ne vas pas perdre”.
Sur la teneur, je suis d’accord, et sans vouloir en ajouter une couche, Wikipedia n’est plus la référence qu’elle a été. Sans doute qu’à l’instar de DMOZ, le flux incessant de spammeurs a fini par lasser, par corrompre ou par tromper même les plus irréductibles des modérateurs… Je citerai un (autre) exemple récent, l’article “comment j’ai pourri le web” de ce professeur qui a utilisé/détourné Wikipédia pour démontrer à ses élèves qu’il fallait faire preuve d’un peu d’analyse et de rigueur avant de pomper quel-qu’info que ce soit…
Belle conclusion d’article, qui prouve mieux que le reste la différence entre un “esprit” créatif et un scribe ;-)
Oups, typos corrigées… dommage, le lapsus était joli :D
Pour Wikipedia, je trouve qu’elle reste une bonne base pour aborder un sujet. J’ai la chance de pouvoir l’utiliser en trois langues (anglais, français et allemand) et très souvent, sauf pour nos sujets typiquement hexagonaux, les deux autres versions sont plus riches.
J’avais effectivement pensé à cet article en voyant l’erreur factuelle du Wikipedia FR se répandre. C’est une problématique nettement plus large.
Bonjour, très bon article.
Une petite remarque cependant.
J’ai certes une conception très libérale des choses, mais je crois que l’offre s’adapte naturellement à la demande : les Textbroker et autres Textmaster paient au lance pierre des prestations globalement basiques, voire “limites”, pour des clients qui recherchent du juste du contenu : peu importe la sémantique, ils recherchent juste du remplissage, des lignes de texte.
Je ne les critique pas, je dis juste que c’est *leur* positionnement : c’est du Discount.
Maxi-science (qui m’insupporte avec son pop-up d’accueil) aurait-il intérêt à payer le triple pour obtenir un bon article? Je ne sais pas, mais ça convient aux gens, y’a du contenu, c’est le principal. Nous ne serons qu’une minorité à dénoter un manque de professionnalisme.
Pour tout vous dire : Textmaster a vécu ses premiers mois avec un Adwords assorti d’une ÉNORME faute d’orthographe (j’ai encore le screen). Le manque d’expertise est flagrant, mais c’est pas grave, la start-up cartonne! ;)
Pour la qualité et la profondeur, heureusement, il reste la (vraie) littérature.
Je vois tous les jours des correcteurs s’offusquer de la langue pratiquée sur le web, pour moi ils tapent à côté, la problématique sur la toile ne se pose pas en ces termes.
Je termine par un mot de féliciations : vous êtes une des rares “techniciennes” (référencement) à bloguer sur des problématiques globalisantes, et vous mettez le doigt là où ça fait pas du bien! ;) Mention spéciale à Oxatis, y’a un an!
Dernière chose, j’adore les Big mac !
Merci pour ce long commentaire d’abord et pour ce que vous y dites :)
Je suis assez d’accord, de façon générale, sur l’offre qui s’adapte à la demande, et j’ajouterais “et réciproquement”, les textes de pauvre qualité devenant finalement la norme, et n’empêchant pas le business.
Maxi Sciences est une usine à contenu. Elle ne peut pas se permettre de payer ses textes entre 100 et 150 € l’unité, ce qui est le tarif de très bons rédacteurs, m’a-t-on dit (je ne vends pas de textes à l’unité, je ne suis pas sur ce marché).
Le site vit sur le volume, comme de nombreux autres. En réalité, dans la lutte de David contre Goliath, il est à mon avis illusoire d’essayer de jouer dans la même cour. Des sites avec le même type de textes n’ont pas la puissance marketing de ces grosses machines. Je leur recommande donc d’aller vers une stratégie nettement plus qualitative (qu’on peut encore s’offrir pour une centaine de pages, ou réaliser soi même si on a de la chance / du temps / la formation pour) et qui les protégera durablement, je crois, contre les Panda, Manchots et autres.
Notamment aux US, de très grosses fermes à contenu avaient été lourdement pénalisées.
D’une manière beaucoup plus globale, il semblerait que le Web, en même temps qu’il facilite notre accès à la connaissance, nous rend moins intelligents. Il crée aussi une nouvelle “élite”, celle des vrais littéraires, qui reviennent peu à peu en force. Savoir écrire avec un minimum de fautes devient maintenant une compétence prisée et valorisée, alors qu’elle faisait partie des bases obligatoires pour tous les bacheliers jusqu’aux années 50. Une nouvelle répartition des savoirs se dessine.
J’avoue qu’en matière d’orthographe, un des pires sites que je connaisse est Yahoo actualités… heureusement, il y a le blog des correcteurs du Monde pour compenser !
Ne vivons justement nous pas a l’époque du lowcost et des Fast-food ? Tout le monde raille TF1 et McDo qui nous servent de la m…..e, mais le dimanche soir les deux font toujours le plein.
On nivelle par le bas… Au départ, on pouvait penser que c’était par facilité. Je pense aujourd’hui que c’est plus par nécessité économique. Si je pouvais me payer des repas à 45 euros au resto, si je pouvais me payer des chaînes premium à 15 euros par mois, si je pouvais … Je le ferai… Mais les petits chinois et les actionnaires des fonds de pensions américains sont passés par là : “il faut produire moins cher”
Montebourg à beau gesticuler, la masse des européens n’a plus les moyens d’acheter des Peugeot et des Citroën. Tout au mieux des Dacia… Cherchez l’erreur…
La qualité se paie rien de nouveau. Un vrai rédacteur web vaut plus qu ‘un texte sur textbroker? Je dirais heureusement.
Il faut savoir se donner les moyens de ses ambitions.
Entre un texte qui a nécessité 5h de documentation/rédaction (donc approx. 250 euros) et un texte sur Textbroker, il y a peut-être un juste milieu. Je pense notamment à tous les rédacteurs de la presse thématique (auto, sport, loisirs, …) qui “pissent” à longueur d’année, parfois pendant des décennies des textes souvent passe-partout … mais rarement documentés à l’extrême
Mon prof nous a toujours mis en garde d’utiliser Wikipedia, dans tout ce qui est rédaction de documents officiels, des cours .. il disait :”dire d’après Wikipedia, c’est exactement comme dire d’après mon voisin”.
J’ai moi aussi rencontré une erreur sur l’encyclopédie en ligne, ça peut sembler un rien du tout, alors que c’était une erreur qui touche le fond de l’histoire.
Comme le décalage de 2 ans que tu as cité, dans mon cas c’était un personnage qui a tué un personnage historique connu, et bah je me suis aperçu que ce n’était pas lui qui l’a tué, après vérifications d’autres sources !