Tu n’y peux rien, c’est Internet qui est comme ça !
La semaine dernière, le talentueux Manu Larcenet, illustrateur de talent, a fermé son blog. Avec un très long et très juste texte, où on sent toute la tristesse devant le manque de respect, le comportement de goujat, l’insensibilité totale. Un texte qui me touche, parce que – sans avoir le talent de Manu Larcenet – j’ai eu exactement les mêmes expériences, les mêmes dialogues où on se sent piétiné par des gens qui prétendent apprécier ce que vous faites, et la même conclusion : “Si, j’y peux quelque chose, arrêter de partager mes images”.
La seule « règle » que je demandais de respecter était de ne pas copier les images pour aller les mettre ailleurs
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Or, force est de constater que beaucoup se sont servis ici pire qu’au Macdo, y compris même des « journalistes »! Ces gens pensent sans doute que ces image n’ont pas de valeur, qu’on peut les détourner, les maltraiter, qu’on peut en faire ce que bon nous semble. C’est oublier que chaque image affichée ici est un bout de mon chemin.
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– « C’est public! A partir du moment où c’est mis à disposition des gens, ils en font ce qu’ils veulent… »
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– »C’est Internet, c’est comme ça. Tu n’y pourras rien. »
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– « C’est la loi! Sur Internet, tu ne peux pas protéger tes images. Si je veux, je prends n’importe laquelle, je mets des bites et je la montre à tout le monde! C’est ça, la liberté d’expression. » (Là, il a rigolé, comme si c’était là, pour lui, une sorte de revanche jubilatoire, à moi parfaitement incompréhensible. Je m’en souviens parce que j’ai eu la soudaine envie de lui pratiquer une chirurgie esthétique du visage au parpaing.)
Cette propension du moment à penser que tout est à disposition, que tout est à tous, sans réserves, sans distinction, sans précautions, me rend taré. Mes image, me sont précieuses. C’est du travail et de l’émotion. Ah oui, je sais, ça fait con, arrogant et tout… Mais je suis sans doute con et arrogant, de toute façon.
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Donc que ce matin, j’en ai marre. Marre de me casser le cul à faire un truc quotidien, qui demande un minimum de travail et de réflexion, pour, finalement, être autant méprisé dans ma conception même du partage du lieu que j’ai créé.
Je clos donc aujourd’hui cet endroit, avec une certaine tristesse, mais aussi un étonnant soulagement.
(J’ai taillé à la hache dans ce texte, que je vous invite réellement à aller lire, si vous ne connaissez pas déjà Manu Larcenet).
Et c’est vrai qu’il y a certainement de quoi s’énerver quand on voit ce genre de site… (Manu, si un jour tu me lis, je te donne le texte du mail pour faire fermer le site).
C’est très dommage. Le site me plaisait beaucoup, un mélange de photos, de crayonnés, de dessins aboutis. Un endroit chouette, où aller voir de belles images. Fermé à cause de la connerie ambiante. Est-ce donc la seule solution ?
Malheureusement oui. L’arsenal juridique existe, mais il fait porter une charge de travail lourde au copié qui n’a pas obligatoirement envie de passer ses journées à remplir des déclarations. L’arsenal juridique existe, mais il est juridique. Des plateformes de blogs et des hébergeurs français refusent d’agir sans une mise en demeure juridique. Bien ou pas ? Les abus peuvent exister dans les deux sens, mais dans 90% des cas, il est facile de juger. Mais ces plateformes de blog se rémunèrent sur la pub affichée sur les contenus copiés, il est intéressant de faire le sourd.
C’est usant. La mauvaise foi du copieur, son sans-gêne, sa certitude absolue d’avoir juridiquement raison, et le droit de piétiner les gens dont il prétend admirer le travail, sa fatuité aussi “heureusement que je fais connaitre vos images en les partageant”, tout ça donne des envies de massacre, parfois.
Coïncidence ou pas, cette annonce est arrivée la même semaine qu’un partage Facebook qui m’a fait halluciner…
On prend donc un auteur. Un mec qui essaye (parce qu’il est débutant) de vivre des créations de son esprit. C’est un marocain, c’est-à-dire à la base un type pas super-hyper sensibilisé à ce qu’on appelle un droit d’auteur ou un copyright, mais bon, on peut imaginer que dans sa situation, le mot lui évoque quand même quelque chose…
Bref, cet auteur partage une url. D’un site qui propose des ebooks gratuits. Pas des ebooks de livres tombés dans le domaine public, mais des livres techniques, genre qui ont été écrit par des thésards mal payés (eh oui, le bouquin technique sur les modèles mathématiques, ça ne nourrit pas son homme), ou des livres d’auteurs contemporains, certes “à succès”, mais pas tant que ça (Marie N’Daye ne doit pas gagner des millions à chaque fois qu’elle publie).
Les doigts m’en sont tombés du clavier. J’ai exprimé mon étonnement, et l’auteur du partage a liké…. je n’y comprends plus rien…
Bref, un article sans intérêt pour partager mon désarroi.
Manu Larcenet a eu bigrement raison de se barrer de ces latrines publiques puantes que sont devenues l’internet. Il y a trois semaines j’ai fermé mon vieux site, moi aussi. Pas exactement pour les mêmes raisons que Larcenet, mais parce qu’après 17 ans de création sur ce support, je le fuis comme la peste bubonique désormais.
L’internet est mort. Vive autre chose !
Le problème c’est qu’à ma connaissance il n’y a pas d’équivalent d’internet ailleurs que sur internet à l’heure actuelle… (: A moins que j’ai raté un épisode ? Enfin si il y a bien le darknet et le net local mais c’est de la petite envergure, et tjr sur la même toile au final !
D’abord, je pense que vous faites un amalgame entre “internet” et “web”. Après sur la question de Larcenet, même si je respecte énormément les droits d’auteur et que je pense qu’ils doivent être défendus à tout prix, j’ai envie d’être un peu provocateur et de dire que l’art doit se partager et ne pas être enfermé dans des musées poussiéreux et diffusé uniquement par voie mercantile… C’est pour cela que j’adore le concept du street art, les mecs décident de faire une oeuvre sur un mur, de l’offrir à tous, gratuitement, et savent pertinemment que cette oeuvre sera éphémère… Je trouve cette idée plus belle que celle qui consiste à dire “Je fais un tableau, je veux bien te le monter mais pas trop longtemps, et surtout tu ne le touche pas, bon, sauf si tu me file un paquet de fric, je te le donne…” (bon, j’avais prévenu que j’avais envie de faire un peu de provoc ;o) ). Dans le même esprit, j’aime beaucoup les Mandala de sable…
David, vous êtes parfaitement libre de préférer tel ou tel mode de distribution de vos oeuvres. En l’occurrence, cette provocation est à côté de la plaque en ce qui concerne Manu Larcenet, qui distribuait gratuitement, en dehors de musées poussiéreux, de nombreuses images et oeuvres originales, ou extraites de ses albums distribué de façon payante. Les tenants de la distribution libre et gratuite des oeuvres d’art sont rarement des artistes. Néanmoins, je vous propose de revenir à l’insidieuse censure que constitue une évolution vers le mécénat (qui est, grosso modo ce qui accompagne la distribution gratuite de l’art), et au bien fondé de réserver à quelques happy few des oeuvres d’art haut de gamme, extrêmement chères et exclusives, auxquelles la masse des consommateurs d’art gratuit n’aura jamais accès.
C’est une partie nettement moins belle de l’idée (j’aime bien la provoc, hein, mais il faut aller au delà des clichés).
Bonjour,
J’ai voulu aller lire l’article et découvrir un peu plus cet auteur que je ne connais pas, malheureusement le site semble totalement supprimé. Un blog intéressant sur les rapports loi/droit d’auteurs est celui de la photographe et avocate Joëlle Verbrugge : http://blog.droit-et-photographie.com/ (plus ciblé sur le droit d’auteur photo ).
J’avoue ne jamais avoir mis les pieds sur le site de Manu Larcenet, mais étant grande lectrice de ses BD c’est vraiment déplorable qu’il doive en arriver là. Qu’un auteur connu et reconnu comme lui doive se battre pour défendre son travail. Il y a des jours le grand fouillis d’Internet donne envie de prôner le retour à la terre…
Le lien en début d’article n’est plus visible mais je vais fouiner sur la toile pour essayer de le retrouver. Bonne continuation non-numérique à Manu…
Franchement c’est lamentable ce qui lui est arrivé. Internet est conçu dans un esprit de partage et d’échange et non de vol.C’est fou ce qu’on peut faire du mal à des auteurs et des artistes qui travaillent et créent puis qui voient leur œuvres utilisées par d’autres personnes sans même citer la source ou pire dire que c’est la leur.Il faut vraiment que les équipes de Google se penchent plus sur ce sujet et trouver des solutions efficaces à cela.
Intéressante question.
On se sent tout petit sur ce village mondial devenu marché mondial, n’est ce pas ?
C’est bien pourquoi il devient difficile de vivre de contenus virtuels, et que demain on retrouvera ses dessins sur des tshirts ou des casquettes…
Tout le problème vient de la candeur des débuts d’internet ou tout était “gratuit” en dehors de la connexion.
Et des divers souhaits des communautés, entre l’abandonware, le shareware, le freeware, ou les licences creativecomon….le choix est large de ce qu’il est possible de grappiller en furetant, non compris les torrents ou tout est permis.
C’est bien pourquoi vous ne voyez pas ou peu de photos, dessins, ou bandeaux sur mes sites. Tant que je n’ai pas d’autorisation, ou que j’ai le droit de les utiliser.
Mais c’est un travail de longue haleine, qui implique d’aller vérifier pour chaque site dans les cg,faq, et mentions légales.
En parallèle, l’usage d’internet qui permet d’avoir et recevoir tout quasi gratuitement (au moins au niveau de l’information) pas forcément censé et juste mais bien gratuit fait que plus personne ne souhaite payer pour obtenir ce qu’il veut (en même temps qui peut encore payer mais c’est une autre question).
Je viens de me faire rembarrer sur facebook parce que j’espérais obtenir un euro…..
Il faudra trouver effectivement des solutions.
Une association de défense peut être ? (pas très bonne idée, on n’est pas loin de la censure)
Amitiés, et courage à ceux qui se sont vu copier. Que cela ne vous empêche pas de continuer la création. Elle est actuellement vitale !