Empreintes et co-occurrences négatives
Ayant – enfin – trouvé une bonne rédactrice (et bientôt un rédacteur, pour étoffer l’équipe), j’ai pu plonger à fond dans la rédaction Web, en particulier en collaborant à Soumettre, la plate-forme qui vient d’être lancée avec un succès mérité (vous allez dire que c’est de l’auto-pub : non, j’y participe parce que je trouve que la formule est bonne, que Rodrigue fait un super bon travail, ça m’a donc intéressée de lui proposer des spots, au départ, puis de passer en mode rédaction).
Et j’ai en même temps ouvert à la publication un nouveau spot, sur un sujet “oh combien spammé” qui est le secteur du voyage – loisirs. Cela faisait des années que je n’avais pas fait de la publication intensive comme cela, et je dois avouer que j’en ressors avec une impression plutôt mitigée sur la qualité de nombreux supports et rédactions et l’impression que je vais devenir le Jean-Pierre Coffe du linking en répétant en permanence “c’est de la maaaaaaaarde“.
Le champ sémantique du communiqué de presse
Si on part du principe que Google sait identifier les champs sémantiques, j’ai une très mauvaise nouvelle pour vous : footprint dans le code ou pas, WordPress ou pas, liens d’autorité ou pas, l’immense majorité des communiqués de presse se repèrent à 10 kilomètres, au simple regard. Et si “ça puire” pour une lectrice humaine qui a besoin de cinq secondes pour détecter le communiqué de presse, croyez-bien que les algos de Google peuvent le faire aussi.
Il y a quatre traits caractéristiques au “CP de base”, quatre footprints à éviter à tout prix
Le français pas korrek ou qu’on kause pas
Je passe sur les vraies fautes de syntaxe ou d’orthographe, les phrases pas finies, qui relèvent du correcteur d’orthographe, d’Antidote ou du Bescherelle. Mais le rédacteur de CP, dans un enthousiasme pour le remplissage se lance souvent dans de longues phrases qu’il n’arrive pas à terminer correctement.
Ou bien il use de périphrases improbables. Et dans un louable souci de varier son vocabulaire, qui me rappelle les propositions issues des dictionnaires de spin, il mélange dans un article des expressions surannées que même la Comtesse de Ségur aurait trouvées vieillottes avec des mots d’argots ou des expressions “djeunz”. Ainsi, si un CP qui touche, de près ou de loin, le monde des bébés et de la première enfance parle de “charmants bambins”, de “baby”, de “petit ange” et / ou de “moutard”, de “gosse”, de “rejeton”, je sais que le rédacteur est allé pioché dans des listes de synonymes pour être capable de me sortir ces expressions que plus personne n’utilise.
Non mais sérieux, IRL, vous dites à une copine
comment vont tes charmants bambins ma chérie ?
L’expression optimisée SEO
Catégorie particulière de la faute de français, elle est volontaire. Mon conseil : ne supprimez JAMAIS les prépositions, les mots de liaison, etc. Google sait les détecter, il travaille depuis longtemps sur les équivalences, des algorithmes capables de définir des champs sémantiques sont tout aussi capable de voir qu’il manque quelque chose dans “recherche hébergement Limoges” et considérer que ce manque est :
- volontaire
- signe évident de tentative de manipulation
Le délayage
J’ai lu récemment sur un texte qu’on m’a proposé (et que je n’ai pas publié) :
les gens recherchent le soleil pour leurs vacances et quand la météo est mauvaise ils peuvent être déçus.
Non, sans blague ?
Aussi, pour éviter ce désagrément, il peut être judicieux de rechercher sur un site conseils voyage quelles sont les destinations toujours au soleil
C’est ce qu’on appelle enfoncer une porte ouverte un rideau en raphia de case de club Med… (en plus, cadeau Bonux, offre groupée, l’expression suroptimisée SEO)
Si une plateforme demande un nombre minimum de mots, cela ne devrait pas être pour cocher la case “texte long” dans les soi-disant 200 critères de Google.
Si je demande du texte sur mes spots, c’est parce que, en dehors de la pure fiche annuaire, il est difficile de réellement développer une idée intéressante en deux paragraphes. Or, quand on n’est pas un grand portail, un article doit être intéressant pour être visible.
Les superlatifs et les gens
Je mets enfin dans une rubrique fourre-tout les tics de vocabulaire.
Pour une agence de rédaction dans le CP touristique, toutes les destinations sont exceptionnelles, incroyables, hors-normes, inoubliables, ensorcelantes, incomparables, incontournables, laissent des souvenirs impérissables, regorgent d’attractions variées qui méritent réellement d’être expérimentées et sauront séduire tous les touristes, etc…
C’est une variante du bull-shit bingo ! Regardez les vrais blogs des vrais voyageurs, ceux qui font des vrais liens spontanés. Ils racontent des trucs qu’ils ont vécu, ils donnent de véritables informations, pratiques, ils ne se contentent pas de réécrire la fiche Wikipedia en la résumant.
Autre tic de langage : les gens.. (ceux qui cherchent à tout prix des vacances au soleil et des informations vraies sur le rachat de crédit).
L’abus de ce genre d’expressions, de phrases creuses, constituent des co-occurrences aussi identifiables que celles censées composer le cocon sémantique pour mettre en valeur votre expression clé.
Et ces co-occurrences là sont toxiques. Bien plus que le voisinage avec des sites “3P” (porn, pilules, poker).
Peut-on faire de la qualité à n’importe quel prix ?
Je suis parfaitement consciente qu’il est difficile d’être intéressant sur n’importe quel sujet. Parce que rédiger un article intéressant sur un sujet demande de le connaître, un peu plus en profondeur qu’en lisant sa fiche Wikipedia ou le premier article que Google renvoie sur le mot clé, suffisamment pour que l’internaute qui lirait l’article y apprenne quelque chose, y trouve une idée un peu originale, un rapprochement inattendu avec une autre information, un sujet connexe.
Cet effort de documentation prend du temps. Il ne peut absolument pas être rentabilisé sur un article à 10 ou 20 €.
Personnellement, je me limite donc aux sujets sur lesquels j’ai déjà cette documentation. Et les deux personnes qui rédigent avec moi fonctionnent selon la même logique. Le contenu de mon flux rss est assez large, nos centres d’intérêts sont suffisamment variés pour couvrir un large éventail de sujets, un éventail encore plus large de sites, mais ce n’est pas à nous qu’il faut demander des articles sur les thématiques fiscales ou de rachat de crédit, par exemple.
Par contre, je connais un excellent rédacteur qui produit des articles de très bonne qualité dans ce secteur : Olivier, aussi connu sous le nom de L.Jee.
Le brief du client est important. Le texte sera à la hauteur du brief. Au lieu de se limiter à “ancres et nombres de liens”, comme vous connaissez vos produits, vous pouvez donner quelques liens. Et si vous êtes une agence qui sous-traitez la rédaction, demandez cette info au client. Il investit plusieurs centaines d’euros dans une campagne de linking, il peut rajouter un quart d’heure à fournir de la doc ?
Le support de qualité, entre dahut et dodo
Le CP de base et le site généraliste sont, amha, aujourd’hui, en phase terminale, comme les inscriptions répétitives de 250 caractères avec Ref Hot Key l’ont été il y a cinq ou six ans. Et faire un article de bon niveau pour le publier au milieu de plusieurs CP de base, ce n’est pas intéressant. Reste donc à trouver des supports de qualité. Ils sont rares.
Et là, j’avoue, les choses n’ont pas changées depuis les annuaires remplis de liens suroptimisés.
Dans la relation entre rédacteur et support, c’est le support qui a le plus de poids, car c’est lui qui va accepter ou pas des textes de faible qualité.
Je viens d’avoir eu une discussion sur Twitter avec quelqu’un qui trouvait dommage la publication d’un article de qualité (merci au passage) sur un support avec peu de visibilité, j’ai nommé Waaaouh.pro (et cet article en particulier).
Je crois que cette personne n’a pas compris la nouvelle donne.
- Les supports de qualité pénalisés qui reviennent, ça existe.
- Je fais confiance à Waaaouh pour maintenir une ligne éditoriale de qualité, donc pour que ce texte ne soit pas pénalisé par un voisinage toxique.
- Je n’ai aucun problème à donner un article de qualité à un support, car le voisinage est encore plus important que les métriques : les métriques, ça évolue, la certitude que votre article restera sur un site de bonne qualité est plus importante.
- Un article de qualité sur un bon support peut très bien vivre sa vie tout seul : j’ai eu, sur plusieurs sites, ce genre de surprises, avec des articles qui montent tout seuls dans Google, avec un zeste de liens.
- J’ai des articles de bonne qualité sur des supports “peu visibles” comme on dit, qui me renvoient une cinquantaine de visiteurs par mois.
Je fais la différence entre ce que j’appelle “CP” et le “Guest Blogging”, en réalité elle est ténue. Dans “ma” tête, l’article invité est posté sur un site qui a un vrai lectorat régulier, que ce soit un blog, comme celui de Sylvain ou un site de type forum ou portail. C’est un article dont l’objectif essentiel est la notoriété et le trafic, et que je rédige même avec des liens intégralement en no-follow.
Le “CP” c’est l’inverse. C’est un article dont le premier objectif reste le lien. Néanmoins, pour que ce lien soit utile pour le site, il doit être “de qualité”. C’est l’objectif d’un service comme Soumettre, comme je l’ai dit sur Twitter, une des choses que j’apprécie c’est la confiance que font 95% des clients pour la rédaction et le choix des ancres.
La symbiose entre le support et le rédacteur est gérée par le client
Le support et le rédacteur sont dépendants l’un de l’autre.
Quand j’ai proposé mon spot tourisme, j’ai été très déçue par le manque de qualité des articles proposés. Seules trois personnes, dont deux que je connais bien et qui font partie des très rares à avoir des comptes auteurs chez moi ont fait des publications qui ne sentaient pas leur CP. Pour les autres, j’ai expliqué pourquoi je ne publiais pas, et il y a eu une personne qui a modifié son texte, pour les autres, j’imagine que j’étais un extra-terrestre qui demandait trop.
Sur d’autres sites, je reçois des fiches annuaires sans description, ou avec du contenu dupliqué. J’ai l’impression qu’il s’est développé une étrange capacité chez certaines personnes, celle d’écrire sans savoir lire les conditions de publication…
Un spot de publication est un espace communautaire, dont chacun est responsable :
- le propriétaire du site ne valide pas n’importe quoi, il développe le ranking de son site et rajoute des contenus “non SEO” ;
- le rédacteur fait des textes de qualité, respecte les conditions de publications et, éventuellement, pousse sa publication avec un tweet, un commentaire, un digg… mais ne pourrit pas le site avec un référencement de goret (sur certains de mes spots, j’ai vu des gens envoyer jusqu’à une centaine de liens pourris sur leur article, pour le faire “monter”) ;
- l’agence essaye d’éviter de vendre de la maaaarde et éduque son client : aujourd’hui, les prestations avec du lien intext suroptimisés, deux liens sur chaque publication, des textes avec uniquement un lien vers le site du client sont des prestations dangereuses à moyen terme ;
- le client ne pousse pas l’agence ni le rédacteur à faire de la maaaaaaarde en diminuant trop les prix : l’artisanat à un coût et si vous ne payez pas assez, vous n’aurez pas la qualité (je pense qu’il vaut mieux moins de liens, mais de véritable qualité, qu’une batterie de CP difficilement lisibles sur des WordPress à peine dézippés).
Si vous êtes d’accord avec cette approche, si vous avez des spots sur lesquels vous aimeriez avoir des textes de qualité, si vous cherchez à publier ou à faire rédiger… contactez-moi !
Comme toujours, je “kiffe” (comme diraient les Djeunzs) ta plume ! Et plussoie sur de nombreux aspects, notamment sur la prolifération des CP de bases, mal-écrits, de plus en plus sous-traités à Mada.
Le plus flagrant reste le nombre de superlatifs et d’épithètes utilisés pour “gonfler” le nombre de mots et qui n’apportent rien d’intéressant à la sémantique recherchée. La “synonymisation” foireuse est aussi le cancer du CP (j’ai beaucoup ri à la lecture du passage sur les charmants bambins).
Je rajouterais cependant un petit critère, qui est la lisibilité. C’est implicite dans ton article, car si la plume est bonne, le lecteur va jusqu’au bout. Mais au delà de donner un contenu pertinent et bien écrit, il faut intéresser le lecteur pour le pousser à lire le texte jusqu’au bout. Savoir rajouter une pointe de sarcasme et de dérision comme tu sais le faire, y contribue drôlement !
Amicalement,
Benji
La lisibilité compte aussi énormément. RaphSeo parlait de texte “engageant”. Merci à toi :)
Bonjour,
super article, merci.
L’approche contenu et le niveau de “casse-tête” sont aussi très différents selon le secteur et le niveau de concurrence. D’un côté oui l’algo Google est capable d’identifier beaucoup de choses, de l’autre on peut se demander pourquoi il est si indulgent avec certains acteurs…
C’est clair. Néanmoins, son indulgence a souvent une fin. Parfois j’ai l’impression que c’est le côté “globalement pourri” d’un secteur qui l’empêche de sanctionner. On va voir ce que donne la nouvelle version de l’algo…
Je comprends maintenant pourquoi on ne te voit plus ailleurs…
Non, rien à voir :) c’est mon allergie de base à la solution choisie qui joue ^^
Rhôôô. J’espère que ça ne va pas durer – moi, je m’y habitue. Bizarre, je n’ai pas reçu de mail de notification de réponse au commentaire.
Oui, j’ai plein de trucs à régler, notamment ça :)
Je profite de ton absence pour virer les demandes purement SEO en “discussion générale”, hierk hierk hierk (désolé de polluer ces commentaires).
1 Mot = MERVEILLEUX !! Voila la magie du web…passé sur 1 Tweet, cliquer sur un lien et tomber sur un article tel que celui-ci. La qualité a un prix (différent pour chacun je le conçois..), c’est une question intime et personnelle. Mais fort heureusement des gens comme vous existent et continueront d’exister ! La bouille servie en pâture pousser par du netlinking de goret ont encore de beaux jours devant eux, je ne pense pas que la mise à jour y fasse qque chose (au mieux monter le curseur d’un cran pour passer sous le radar), l’histoire se répète…. le nivellement à toujours été fait par le bas pour coller aux limites/critères de l’algo. Mais il faut aussi s’en réjouir, c’est ce qui permet à des personnes qui choisissent de vrais rédacteurs de tirer leur épingle du jeu. Merci pour ce moment agréable, Amicale salutations, Jérôme.
Bien le bonsoir Madame !
J’avais lu ton article sur Waaaouh avec attention car je suis très sensibilisé au sujet depuis que je suis salarié d’une boîte qui fait du coupon en ligne depuis 2009. Ce billet est très juste mais je pense s’adresse à une cible qui n’est pas celle analysée ici. Les rédacteurs de sites de buzz, sites de niche MFA + affiliation et autres CP épinglés ici n’ont que faire des incohérences pointées du doigt. Je vais de ce pas expliquer sur Sitanim pourquoi. En tous cas pour Waaaouh je suis de ton avis : la ligne éditoriale très claire et qualitative va progressivement (re)faire de ce site une référence !
Ayant référencé et intégrés près de 5000 articles pour le SEO (si si j’ai compté) j’ai développé une expérience rare dans ce domaine (depuis 2001).
Cependant il y a plusieurs critères qui pour moi restent fondamentaux.
Le premier peut paraître un peu fou, mais tout le monde n’aime pas les nouvelles façon d’écrire. Aujourd’hui on parle de contenu car le texte sera amené à “disparaître” Youtube devenant le deuxième moteur après Google…
Donc le premier point reste le choix. Si on choisit l’écriture on reviens selon moi sur des fondamentaux à savoir le permission marketing.
Au départ, le content marketing “ne sert” qu’à motiver les gens à s’inscrire sur une liste email pour être plus tard reprospecté pour des prestations réelles (peu font du volume pour faire des revenus publicitaires).
Donc le contenu doit à la fois cibler et à la fois intéresser. Au départ soyons clair, c’était d’écrire du contenu tout court, et d’essayer ensuite de l’optimiser pour un mot clé.
Aujourd’hui, soit 17 ans après, j’ai une stratégie complètement différente.
Le but est d’être dans une ligne éditoriale (la mienne sur Nantes WEB est axée sur la Bretagne et donc les stratégies web locales un sujet qui me passionne). Ensuite il faut essayer de se positionner sur des mots clés de préférence premier sur chaque article sur une requête à 100 (ça me suffit). Le contenu à changé en longueur et plus richement décoré (avec un beau balisage html5 figure et figcaption par exemple pour les images). Mais si je n’ai pas la niake pour écrire, je n’écris pas.
C’est pourquoi j’ai ma liste de sujets (qui s’apparente plus à des coups de gueule) qui mélange à la fois expertise et point de vue (le digital comme un outil et pas forcément un way of life). Ca correspond à ma clientèle qui utilise plus parce qu’elle a pas le choix que par adhésion…
Donc la stratégie de marketing de contenu doit accroché parce que l’on est convaincu. On voit trop de contenu rédigé pour être rédigé… On en reviens aux fondamentaux. Les internautes veulent soit un information fiable, soit un point de vue. C’est ce qui est plébiscité et ce qui peut encore créé les “rares” liens naturels. Mais c’est ce qui fait “jaser” aussi sur les réseaux. Plus encore c’est ce qui créé l’adhésion. Et l’adhésion c’est la conversion. On ne travaille pas bénévolement, mais on peut être convaincu de ce que l’on fait… c’est je pense la clé de la rédaction.
S’il n’y a pas d’âme, il n’y a pas de contenu. Le contenu qui remonte, il n’y a pas besoin de chercher longtemps pour comprendre, c’est le contenu qui ne “triche” pas, ou du moins pas complètement…