Pirater c’est – un peu – voler.
J’ai beaucoup aimé l’article “longtemps attendu” de Stéphanie Booth, “Pirater n’est pas voler“, car – même si je ne suis pas d’accord avec tout ce qu’elle dit, et je vais expliquer pourquoi, en détail – c’est réfléchi, argumenté, loin des effets de manche “libertaires” ou “légalistes”, et plein d’informations intéressantes.
Mais je ne suis pas d’accord avec elle. Le piratage c’est souvent du vol (souvent, c’est un mot important ici), et c’est mal.
Avant de reprendre point par point ces arguments, regroupés en sept “mythes”, un commentaire d’ordre général. On a tendance à voir midi à sa porte, et à regarder le piratage à l’aune de sa propre pratique.
Aujourd’hui ce qui est mis en lumière, c’est essentiellement le piratage de la musique.
Le vol de textes, le vol de photos, tout aussi préoccupant, est laissé de côté, malgré les protestations de quelques associations professionnelles, et c’est dommage, car cela fait aussi partie de cette culture “je prends un fichier je ne fais de mal à personne”, qui s’est peu à peu généralisée, et que je ne crains pas d’appeler “vol”.
Donc pour bien comprendre ce qui va suivre, un peu de contexte : je suis une indépendante, je fais des sites webs, que j’essaie de positionner au mieux dans Google, notamment et largement par un contenu interne de qualité. Je fais aussi des photos. Dans les deux activités, ma présence sur le web est impérative. Je montre mon travail, mon travail est ce qui se trouve sur le web.
Or – et la moutarde m’est montée au nez récemment à ce sujet – je retrouve dans énormément de sites mes photos et ma prose. Soit dans des blogs (monétisés ou pas), soit dans des sites d’agences de voyages et autres, qui ont généralement été faits par d’autres webmasters.
A tel point que j’ai retrouvé une fois en 1m50 de haut sur le mur d’un hôtel ma photo la plus piratée. Et bien entendu sans signature ni attribution.
Reprenons maintenant un par un les arguments, les mythes, et les arguments de Stéphanie.
Mythe numéro 1, pirater c’est voler.
Donc, Stéphanie reprend l’argumentaire « puisque le pirate ne dépouille pas le piraté de sa possession (fichier, musique, etc) ce n’est pas du vol. A l’instar de la photocopie d’un livre.
Peut être pour la musique, peut être… mais pas en ce qui me concerne.
Ma photo de la Reine des Roses s’est retrouvée sur plus d’une cinquantaine de sites sur le web. Elle a été utilisée pour une affiche du festival par le Ministère de l’Agriculture du Maroc. Elle a perdu toute originalité.
Une photo se vend en fonction de sa diffusion. Une photo trop vue n’a plus la même valeur qu’une photo originale.
J’ai définitivement perdu toute chance de vendre cette image. Et pourtant, si je l’avais vendue ne serait ce que 10 euros par utilisation (ce qui est le prix des banques d’images à bas prix), j’en aurais tiré au moins 500 euros de revenu. Si je l’avais facturée à son prix normal, on aurait tourné autour des 1.000 euros.
J’ai été volée d’un revenu que j’aurais pu réaliser (et c’est pour cela que le tribunal me donne des dommages et intérêts quand je poursuis).
Prenons le deuxième exemple, mes textes.
Je n’écris pas de livres.
Je fais des textes pour positionner des sites webs, et par cette position, générer un revenu. Pirater mes textes, c’est pour certains la possibilité de se faire facilement un site correctement écrit, qu’ils positionneront pendant quelques semaines – le temps de la prime de fraîcheur – au dessus des miens.
Quant on voit la différence de fréquentation entre « le triangle d’or » (les trois premières positions) et les autres, il me semble que mes clients ont été volés.
Enfin tout simplement, le webmaster qui utilise mon travail pour faire un autre site, pour un client, me vole car il facture de l’argent à une personne qui, sinon, m’aurait peut être commandé le site. Mais c’est facile de faire « moins cher » quand on est un virtuose du copier-coller.
Mythe numéro 2: chaque copie téléchargée représente la perte d’une vente.
Là je suis entièrement d’accord avec Stéphanie. Une copie n’est pas une vente perdue. Il suffit de voir les disques durs de certains pirates, qui font cela par pur sport, accumulant les gigas de films qu’ils n’ont pas le temps de visionner.
Mais dire que les copies sont bonnes pour les ventes futures parce qu’elles permettent d’apprécier un artiste me parait tout aussi mythique. Il faudrait pouvoir avoir des statistiques détaillées, – qui sont impossibles à avoir – entre les ventes vraiment perdues du fait de la copie, et les ventes futures éventuellement gagnées.
Mon impression personnelle, qui n’est basée sur aucun autre fait que mon habitude de la fréquentation internet, c’est que, une fois qu’on s’est habitué à obtenir une chose gratuitement, il est très difficile de passer à la caisse. Stéphanie donne son exemple, en expliquant qu’elle achète des disques, mais elle et moi sommes d’une génération où la musique s’achetait.
Or ce que je vois, ce que j’entends autour de moi, ce n’est même plus « je ne télécharge que ce que je ne suis pas sûr d’aimer, je ne télécharge que parce que je ne peux pas acheter », mais « je télécharge parce que c’est vraiment trop cher ». Et ça, on y reviendra avec un autre mythe…
Mythe corollaire numéro 2bis : le partage de fichier illégal est une bonne chose, car il permet de faire connaitre les artistes.
Le partage de fichiers fait connaître.
C’est vrai.
Mais ce partage de fichier n’a pas besoin d’être illégal. De nombreux sites, comme Deezer, MySpace, Lastfm ou Spiderart permettent de mettre en ligne des fichiers qu’on peut (qu’on doit parfois, même de force) écouter.
Ces sites respectent la législation, ont trouvé un arrangement avec les sociétés d’auteurs, et permettent à des inconnus de partager leurs fichiers pour se faire connaître.
Car c’est cela qui fait la notoriété, plus que la copie illégale et porteuse de notoriété, c’est le buzz, c’est la dynamique internet. Celle qui génère en même temps le partage (légal ou pas).
Mythe corollaire numéro 2ter : le partage de fichier est créateur de richesse et génère des ventes.
Stéphanie renvoie sur une étude hollandaise, il s’agit en réalité d’un résumé en français de cette étude, et j’avoue avoir la flemme de lancer Google translate sur un pdf de 140 pages. Donc, avec des pincettes, « si » le journaliste retranscrit fidèlement l’étude, les deux points importants sont :
- le partage de fichier est créateur de richesses, car l’argent que les personnes ont évité de dépenser, environ 200 millions d’euros par an, est largement supérieur au maximum de pertes de recettes estimées, soit 100 millions d’euros par an
- l’acte de téléchargement marche main dans la main avec l’acte d’achat (…) Pour la musique et les films, il y a autant d’acheteurs parmi les téléchargeurs que parmi ceux qui ne téléchargent pas. Pour les jeux, les téléchargeurs achètent même plus que les non-téléchargeurs
On est là au mieux dans l’approximation intellectuelle, au pire dans la mauvaise foi flagrante.
Dans un premier temps, on compare une création de richesse virtuelle (l’argent non dépensé, donc sous entendu économiser) à une perte de recette réelle (mais dont on n’est pas certain qu’elle provienne entièrement du piratage).
Ce mécanisme est très exactement celui de l’inflation monétaire.
En caricaturant un peu, on peut dire l’exprimer ainsi : « à chaque fois que je télécharge un CD que j’aurais dû payer 20 euros, et que je ne le paye pas, je gagne 20 euros, et avec, je peux acheter autre chose, un pantalon par exemple ». Donc si je télécharge 100 fichiers je gagne 2000 euros, et ces 2.000 euros je peux les dépenser… stop, je ne peux dépenser que ce que j’ai. Donc si j’ai dans mon porte-monnaie 200 euros, et que j’ai téléchargé mes 100 fichiers, je n’ai en réalité économisé que 200 euros.
D’ailleurs, d’un point de vue économique, la création de richesses c’est la valeur ajoutée, pas la recette. Et la revue du mythe corollaire #3bis sur les maisons de disque suceuses de sang montre bien que la valeur ajoutée du producteur est largement inférieure à ses recettes.
Évidemment, la création de richesse serait réelle, si les fichiers téléchargés étaient revendus. Mais on n’est bien d’accord, là il s’agit réellement d’enrichissement indu ?
La deuxième approximation c’est de transformer un lien entre deux variables (je télécharge beaucoup et j’achète beaucoup en ligne) en une relation de cause à effet (c’est parce que je télécharge que j’achète beaucoup). On peut aussi estimer que le lien est inverse (habitué à acheter en ligne, je saute le pas pour télécharger), ou simplement que les deux comportements sont la conséquence d’une même cause « je suis beaucoup en ligne ».
Mythe numéro 3: les artistes sont des gens qui vendent des CDs
C’est vrai que malheureusement, cela devient un mythe.
Je ne suivrais pas Stéphanie sur le terrain Ce mythe-ci, je le trouve carrément insultant pour les artistes. Non mais, franchement. Pourquoi diable vendre des CDs serait-ce la seule façon pour un musicien ou un chanteur professionnel de se réaliser dans la société d’aujourd’hui? Un artiste, c’est tellement plus qu’un fabricant de CDs.
D’abord parce que la vente de CD est un des bons moyens de gagner sa vie, et qu’il n’est pas insultant pour un artiste de gagner sa vie. Si on propose d’autres façons de faire, d’autres moyens, tant mieux.
Mais regardons en détail ce qui se passe dans un pays comme le Maroc, où la copie illégale est tellement entrée dans les mœurs qu’elle en devient « légale » (je vous donnerai des exemples ensuite).
Connaissez-vous un grand artiste marocain qui vive au Maroc, qui se produise au Maroc ?
Non.
J’en connais quelques uns, parce que je vis sur place, mais à l’exception de cette crème de la crème, je peux vous raconter le quotidien des autres.
Comme par exemple, Youssef, un musicien berbère dont je viens de faire le site internet.
Il a réussi à faire un CD avec son groupe. Ils ont sorti 500 exemplaires, qu’ils vendent 30 dirhams (3 euros), et ils doivent tous les vendre pour rentrer dans leurs frais.
Trois jours après avoir commencé à vendre leurs CD, ils trouvent les mêmes, piratés, à moitié prix, sur le marché local.
Parce que c’est ainsi que ça se pratique ici – et que cela se pratiquerait en Europe, si les lois étaient « plus adaptées à l’évolution de la société », vous allez dans une échoppe, vous faites votre sélection de musique sur le disque dur du vendeur, et il grave.
Vous me direz, ce n’est pas du téléchargement illégal ?
Si, en grande partie.
Et surtout avec exactement les mêmes arguments que pour le téléchargement « de toute façon ça ne leur enlève rien, de toute façon les gens n’achèteraient pas au prix normal, de toute façon ça les aide à se faire connaître ».
Moralité, mes amis musiciens, pour la plupart, ont la grande chance de ne pas être des vendeurs de CD. Ils ont la grande malchance de ne pas trouver d’autre moyen de vraiment vivre de leur art. Ils font les soirées dans les restaurants, avec les gens qui ne les écoutent pas, etc.
Car l’argument qui est de dire « on peut vivre d’autre chose que de la vente de CD » oublie juste que cet autre chose (les concerts en général) est réservé à une élite déjà connue.
Mythe corollaire numéro 3bis : les maisons de disques sont des horribles sangsues qui se font de l’argent sur le dos des artistes.
Je cite à nouveau Stéphanie : Courtney Love, qui en 2000 déjà sortait sa calculette et nous faisait les maths de la production d’un album à succès: un contrat de rêve avec 20% de royalties et un million d’avance, pour un groupe de quatre artistes, finit par laisser à chacun 45000$ avec lesquels vivre durant un an; le disque se vend à un million d’exemplaires, mais entre les frais de promo et l’avance à rembourser, il ne restera rien.
Je reprends donc ma calculette. Ces pauvres artistes touchent chacun 45.000$ pour une année, c’est vraiment peu, c’est vrai, la maison de disque ne leur laisse pas grand-chose.
Attendez… 45.000 x 4, cela fait 180.000$.
Et l’avance « à rembourser » ?
Car ces quatre artistes ont touché un million d’avance. Ce qui fait la coquette somme de 500.000 dollars par artiste, non ?
Les maisons de disques fonctionnent comme les maisons d’édition. Les bons chanteurs, les bons auteurs, touchent des avances, qui ne sont pas remboursées si le disque ne se vend pas assez, et qui constituent l’essentiel de leur salaire.
Alors de deux choses l’une, ou bien Courtney Love ne sait pas compter, et ne sait pas d’où vient l’argent qu’elle dépense, ou bien il y a une certaine malhonnêteté dans la façon de présenter les choses.
Ce qui est vrai, en revanche, c’est que le CD n’est pas la seule source de revenus, ni pour les artistes, ni pour les maisons de disques. Concerts et droits dérivés prennent de plus en plus d’importance. Et c’est, comme le financement de l’internet par la pub, je ne suis pas certaine que cela soit une bonne chose, on y reviendra à la fin.
Mythe numéro 4: la chute des ventes de CDs est imputable au téléchargement illégal
Là je suis entièrement d’accord avec Stéphanie, c’est un mythe.
La chute des ventes de CD a commencé bien avant la généralisation du téléchargement.
Refaisons un peu d’histoire (ayant travaillé chez Bertelsmann, qui possède une branche musique assez importante, « BMG », je connais assez bien).
Au commencement, dans les années 60-70 vint le 45 tours (grosso modo, ne chipotons pas les dates), en même temps que l’explosion de la génération 68. Woodstock, le rock, mais aussi des labels innovants, comme la Mowtown, aux US. Un énorme marché à défricher, qui s’accompagne d’une explosion de créativité. A la fois l’offre, la demande, et le tuyau…
En plus les moyens techniques étant ce qu’ils sont, la copie « cassette » n’était pas de qualité top, elle prenait du temps, et une fois la première copie faite, il fallait autant de temps pour en faire une deuxième. Finalement, elle ne se transmettait que de main à main.
Les maisons de disques et les artistes se sont fait un beurre fantastique.
C’est une période où la hiérarchie des métiers a changé dans la société. Acteur, chanteur, c’était devenu un métier enviable, et plus une carrière dont on avait peur pour ses enfants. Les prémices de ce qui deviendra la course à la célébrité avec « SuperStar » et autres StarAc.
Et puis dans les années 80, la mécanique s’essouffle, d’abord parce que la créativité se calme, et parce que les maisons de disques sont très grosses, trop grosses pour prendre autant de risques que lorsque Richard Branson avait vingt ans. C’est juste humain, c’est comme ça.
Et arrive la révolution technologique, le CD.
D’un seul coup, la porte est ouverte pour de nouveaux profits extraordinaires. On ré-édite, et surtout on fait les compilations. Puis les compils de compils.
Radio Nostalgie s’installe sur les ondes.
Vous imaginez les fans des Beattles écouter les disques de leurs parents, en boucle ? Ce sont ces mêmes jeunes qui, arrivés dans la quarantaine, mettent en place cette répétition des vieilles musiques.
C’est tellement plus rentable, une compil, pas de frais de création, juste un repressage, et des droits.
Le taux de rentabilité de la galette (c’est le nom technique de la piste d’un disque) augmente, et les maisons de disque gardent la grosse part du gâteau. (pardon pour le jeu de mot, trop tentant).
Arrivent les contrôleurs de gestion, qui se demandent pourquoi on prend des risques sur des jeunes qui ne rembourseront peut être jamais les avances, alors qu’il est si simple de plonger dans le catalogue pour refaire un disque ?
La créativité disparaît peu à peu, et va se réfugier, en dehors, dans des lieux de productions autres, qui inventent des moyens de se faire connaitre sans les circuits des grandes maisons.
Et puis d’un seul coup, c’est très con, les gens refusent d’acheter la compil de la super compil des meilleures chansons des années 70.
Et la maison de disque cherche dans son catalogue… y’a plus rien !
Alors pour vendre, il faut faire encore des nouveaux supports, et pour faire du profit, il faut les vendre cher.
Et comme c’est cher, on achète moins.
C’est cela, avant tout, qui a diminué les profits des maisons de disque. Leur propre bêtise.
Mais le manque à gagner des copies piratées joue aussi. En bref, quand vous avez le choléra, si on vous rajoute une indigestion, c’est encore pire…
Mythe corollaire numéro 4bis : les industries du disque doivent distribuer la musique gratuitement et faire de l’argent autrement (concerts, droits dérivés, etc)
Je résume un peu brutalement, mais c’est la conséquence logique de « Peut-être que le vrai coupable, dans la chute des ventes de CD, c’est simplement le fait de vouloir s’accrocher à tout prix à un modèle économique qui n’a plus lieu d’être le seul possible pour la distribution de la musique. »
Car en réalité la question n’est pas celle du support physique, elle est celle du paiement de la musique.
Si le frein à l’achat était le côté suranné du CD, et son prix, les offres de téléchargement légal, comme celles d’Apple, auraient dû faire chuter dramatiquement le nombre de téléchargements illégaux.
Mais non, et c’est seulement les barrières techniques mises en place qui permettent cela.
Mythe corollaire numéro 4ter : le CD c’est out.
Bof… un peu comme le papier pour les photos il y a quelques années.
Mais on a tendance à oublier le prix réel de l’auto conservation.
Ici, au Maroc, les CD piratés durent environ 6 mois, un an à tout casser.
J’ai encore le premier CD légal que je me suis acheté, en 1986.
15 euros pour un CD qui dure plus de vingt ans, pour un CD « homemade » il me faudrait refaire des sauvegardes tous les 3 ans, plus des conversions de fichier quand les formats changent.
En espérant ne pas oublier, ne pas perdre mes données.
Prenons juste un prix au hasard, sans pub, (en fait le premier qui me soit tombé sous la main sur Google) : le pack de 100 CD vierges Verbatim, 700 mega, est à 79 euros.
Soit 7,9 euros le CD 0,79 centimes le CD comme me l’a fait remarquer Cédric dans les commentaires, me cassant toute ma démonstration. Ou plutôt la rendant plus complexe, il faudrait rajouter le coût de l’ordi, du graveur, du rangement … bref l’idée de base reste, il n’est pas gratuit, ni en temps ni en ressources, de dupliquer un CD, mais cela reste économique. Sans rentrer dans les détails, je vous fais, à la louche, le CD piraté à 6 euros. Et vous laisse l’ancien calcul, bien sûr…
Disons qu’un CD à 700 mega, cela contient plus de chansons en mp3 qu’un CD du commerce, mais que la qualité auditive y perd un peu, allez je vous fais un CD gravé contient l’équivalent de quatre CD du commerce. Sur mes vingt ans, je dois graver mon CD 6 fois pour assurer sa conservation. Et comme un CD gravé en contient du 4 commerce, ça nous fait un coût de 12 euros, non compté le temps.
Regardez maintenant le prix du CD de nouveauté chez Amazon : 15 euros en moyenne. Je paye donc 3 euros de plus. Est-ce que c’est le prix de mon temps de travail et du risque de perdre mes données ?
A chacun de répondre pour lui-même…
En tout cas, dans le domaine de la photo, les impressions papier reprennent du poil de la bête..
Mythe numéro 5: on est tous des criminels
Disons que là aussi, je suis assez d’accord avec Stéphanie, c’est un peu gonflant.
Et puis le jour où ça vous arrive à vous, de vous faire pirater, et que ça vous coûte réellement quelque chose, ça énerve beaucoup plus.
Mais elle a raison, le piratage c’est un délit, pas un crime. Et il y a des choses plus graves.
C’est aussi nos politiques qui insistent dessus.
En revanche, l’argument de Stéphanie « tout le monde le fait donc ce n’est pas un crime » (ou plus exactement En somme, si toutes les personnes partageant des fichiers sont des criminels, on criminalise la société — et ça… ça ne tient pas debout.)
Mythe corollaire numéro 5bis : quand tout le monde fait quelque chose c’est bien – ou « pas mal ».
Je vais ressortir mon chapeau de psycho-rigide légaliste ou moraliste, mais l’unanimité « tout le monde le fait » ne prouve pas que cela doive être fait.
Reprenons quelques exemples :
- Au XVII° siècle, tout le monde trouvait normal d’avoir des esclaves noirs
- Au XIX° siècle, tout le monde trouvait normal que les femmes ne votent pas
- Au XIX° siècle encore, tout le monde trouvait normal que les enfants pauvres travaillent dans les mines plus de 7 heures par jour, 6 jours par semaine
- Aux Etats-Unis, la majorité de la population est pour la vente libre des armes
- Il y a trente ans, tout le monde trouvait que fumer c’était chic et recommandable
La loi ne doit pas suivre ce que fait la société, elle doit définir ce qui est juste ou pas. Sinon, c’est de l’autogestion, et malheureusement, la nature humaine n’étant pas parfaite, ça se passe assez mal.
Soyons clairs : on peut parfaitement réfléchir à des aménagements, ou à des modifications dans la loi. Tout dépend du domaine et du « pourquoi ».
Ainsi, les lois sur la sexualité se sont considérablement relâchées, simplement parce qu’on est passé d’un concept « c’est mal pour la société » à un concept « chacun fait ce qu’il veut ».
Si on finit par penser / prouver que le piratage n’est pas mauvais pour la société, alors cela peut être une bonne raison pour changer la loi.
Mais c’est justement l’objet du débat..
Mythe corollaire numéro 5ter : Internet est un grand espace de vide juridique où les anciennes lois ne peuvent pas s’appliquer.
Là je vous renvoie sur le blog de Maître Eolas, qui est à la fois bien plus expert et bien plus clair que moi sur le sujet. Mais pour résumer sa position, le « vide juridique » est souvent une invention de ceux qui ne connaissent pas assez bien la loi. En réalité, le code juridique est assez costaud pour pouvoir s’adapter à de nombreuses situations nouvelles, et il y a peu de choses dans internet qui soient fondamentalement, structurellement différentes de la version non virtuelle des choses. Les actes peuvent être plus rapides, plus faciles, à une plus large échelle, mais il y a peu de différences structurelles (à la différence, par exemple, des progrès de la médecine, qui rendent possibles des situations de filiation totalement différentes de celles qu’on connaissait il y a trente ans…)
Mythe numéro 6: on peut être “propriétaire” d’une idée
C’est effectivement un mythe. Mais ce n’est pas ce que dit la loi. Bien au contraire. Dans tous les pays du monde, les idées ne sont pas protégeables. Ce qui est protégeable, c’est la mise en œuvre de ces idées, la réalisation concrète.
« Je vais faire une chanson d’amour triste qui parle d’un père qui ne connait pas sa fille » est une idée. « Le téléphone pleure » est une œuvre.
L’idée de faire telle ou telle chose, est libre. Les idées s’enrichissent du partage, de la confrontation. Les artistes de la Renaissance eux-mêmes le disaient, quand ils parlaient d’innutrition.
La réalisation appartient à chacun, et ne doit pas être copiable.
Il ne s’agit pas seulement de revenus, mais d’une chose beaucoup plus importante, qui en est le corollaire direct, de liberté d’expression.
Car si l’artiste n’a pas une protection qui lui assure un revenu, on retombe aux temps d’avant les droits d’auteurs. A ceux où pour pouvoir créer, un artiste devait avoir un mécène. A ceux où les pièces de Shakespeare étaient copiées et distribuées par les imprimeurs le lendemain même de la représentation. A ceux où le mécène, un riche et un puissant, avait donc le droit de vie ou de mort sur l’expression d’une idée. Où on vivait sous le règne de la censure des riches et des puissants. (Il suffit de repenser à l’interdiction du Tartuffe).
Le « droit de copie » en lui-même, à l’anglo-saxonne, protégeait initialement l’imprimeur. En protégeant l’imprimeur, il protégeait en même temps l’auteur. Et donc sa capacité à exprimer des idées.
Dire comme Stéphanie que toutes ces lois vont très bien dans un monde où la production et la distribution des expressions d’oeuvres de l’esprit ont un coût. et donc en laisser conclure qu’elles ne vont plus aujourd’hui parce que cette production et cette distribution n’ont plus de coût, c’est se focaliser sur le dernier élément de la chaîne des coûts qui va produire un fichier musical.
Reprenons :
- apprendre la musique
- fabriquer les instruments
- construire le studio de prod
- construire la table de mixage
- apprendre à se servir de toute l’électronique qui va avec
- manger, dormir, s’habiller pendant qu’on compose
- utiliser le chauffage, l’électricité, pendant qu’on joue, qu’on mixe
- etc
Or l’erreur que beaucoup de personnes font, c’est de penser que la musique ne coûte pas cher parce que, une fois que le CD a été produit, le coût de duplication est minime. Et ce coût de duplication / distribution baisse encore si on passe sur un support immatériel.
La seule question est : à combien se monte, dans le prix d’un CD, le remboursement de l’investissement préalable ? De tous les investissements préalables.
Et si la réponse est dans les comptes des grosses boites de musique, on peut assumer, vu la baisse de leurs bénéfices, que ces investissements sont de moins en moins remboursés.
Ils le sont toujours, tant qu’il y a des bénéfices, mais c’est au détriment, aussi, du développement de nouveaux artistes.
On retombe donc sur le cercle vicieux de base, dont les maisons de disques sont responsables : baisse de la créativité, baisse des ventes, baisse des bénéfices, moins d’argent pour investir dans de nouveaux artistes.
Or si l’avenir est bien, comme le dit Stéphanie, dans le retour à la représentation physique comme source de rémunération, et donc à l’état des choses d’avant l’industrialisation de la création., je crains que cela n’appauvrisse encore la création.
Mais cela, on en discute bientôt.
Mythe numéro 7 : c’est la fin du monde! au secours!
Non, bien sûr ce n’est pas la fin du monde. Mais c’est d’une certaine façon, la fin d’un certain mode de fonctionnement, qui a – à mon avis de grands avantages.
Mythe numéro 8 : la gratuité est viable et juste
Ce mythe là, c’est moi qui le rajoute.
En effet, je crois que le cœur du problème c’est cela, c’est celui du mode de rémunération de la consommation. Cette problématique se pose pour l’ensemble de l’internet, qui est en très gros une « source de savoir » subventionnée.
Mais subventionnée de façon opaque, et c’est cela qui est gênant.
« Avant » , « IRL » c’était relativement simple.
On achetait un CD, un livre, un tableau.
On les payait.
Ou bien on les empruntait à un ami, à une bibliothèque municipale, à un club.
Le financement avait été fait par le porte-monnaie de cet ami, par les impôts, les cotisations des membres du club.
Il était possible de protester si on n’était pas d’accord avec la politique d’achat de la bibliothèque, par exemple.
Avez-vous une idée de qui finance les grands sites de partage ? De comment sont « choisies » les musiques qui s’y trouvent ?
Le web n’est pas gratuit, il est opaque.
Il est payé par la publicité, par les cookies que l’on met sur les PC pour proposer des produits « encore plus appropriés ». Il est payé par les entreprises qui veulent s’imposer, au détriment d’un concurrent.
En réalité, ce grand espace virtuel n’est pas si ouvert que cela. Les moteurs de recherche, comme les réseaux sociaux, exercent une censure subtile et discrète.
C’est déjà une discussion récurrente sur le Web en ce qui concerne Wikipedia, les guerres d’édition, et la politique de neutralité (le savoir peut-il être « neutre » ? Peut-on par exemple présenter le Darwinisme et les tenants de la création du monde en 6.000 ans comme c’est écrit dans la Bible en ayant un point de vue neutre ? Et dans ce cas, peut-on prétendre au titre d’encyclopédie du savoir ?). C’est aussi un phénomène sur Facebook ou sur les grands réseaux (comme par exemple dans le domaine de l’art graphique, DeviantArt), où la communauté a la possibilité de censurer et faire tomber aux oubliettes les expressions qui la dérangent, et qui ne sont pas en accord avec sa doxa.
« IRL » une transparence certaine est demandée aux grands medias, tant sur leurs sources de financement que sur leurs commanditaires, et on tente, par des lois anti-monopolistiques, d’éviter la convergence de toutes les sources d’information dans quelques mains.
L’opacité sur la réalité des coûts de l’internet, sur qui paye quoi, risque de conduire à une révolution totalement inverse de celle dont rêvent les tenants du libre.
Il est bon aussi de réfléchir sur les conséquences élitaires d’un retour à la situation « d’avant », où la performance physique financerait l’artiste. Cela reviendrait – cela revient déjà – à créer deux sortes de spectateurs / auditeurs, ceux qui ont les moyens (combien coûte une place de concert de Madonna ?) et les autres. Les seconds étant confinés, faute de mieux, à la consommation électronique, les autres bénéficiant de ces concerts, et des goodies qui vont avec.
On peut déjà prédire qu’il y aura des exclusivités, des prestations qui ne seront pas enregistrées, ou pas diffusées. Car c’est ce que veulent les VIP qui payent cher, obtenir quelque chose que personne d’autre ne peut avoir.
Le modèle actuel, celui du financement par le disque, avait le mérite d’offrir au plus grand nombre des concerts à prix réduit. Avec la qualité de l’émotion qui va avec. Le CD, la musique enregistrée, n’a pas le même pouvoir que la performance sur scène.
On peut discuter si il est « juste » ou pas de partir vers un modèle de distribution qui réservera aux plus riches le meilleur de la production artistique, privant le plus grand nombre d’un accès à cette émotion toute particulière qu’est le contact. Mais j’ai mon opinion là-dessus.
D’une manière générale, tout outil libre trouve son financement ailleurs. Soit par des fondations d’entreprise (mais pourquoi ? Une entreprise n’est pas une organisation charitable, et dans ce cas il s’agit souvent de guerres industrielles, Oracle contre IBM, par exemple), soit par des recettes générées indirectement. WordPress, logiciel libre, se finance par les revenus de WordPress.com (plateforme d’hébergement, qui fait payer les extensions du blog) et par Automatic, société qui vend un antispam dont la pertinence est régulièrement renforcée par les centaines de milliers de blogs WordPress (gratuits) qui l’utilisent, et alimentent une base de données dont le coût de constitution « normal » serait astronomique.
De la même façon, en admettant que le piratage soit globalement créateur de richesse pour la société (ce dont je doute), il l’est de façon opaque et clandestine, cette richesse se créerait uniquement en faveur de ceux qui piratent, alors que les mécanismes économiques assurent une répartition sur l’ensemble de la société d’une partie des richesses crées (via les impôts, je sais c’est douloureux, mais quand on vit dans un pays comme le Maroc, on aimerait avoir plus d’état, plus d’infrastructures, etc.)
La gratuité, ou la quasi-gratuité, va souvent avec la baisse de qualité. Les banques d’images low-cost, comme Fotolia, distribuent des images de qualité médiocre, sans respecter la législation, et en essayant de se débarrasser habilement de leurs responsabilités.
Mythe numéro 9 : on peut faire ce que l’on veut avec le libre
C’est faux. Il suffit de lire les conditions d’une licence GPL ou CC. Mais dans tous ceux qui téléchargent aujourd’hui, combien le font ? Le respect du créateur, le respect du « droit », de la citation, c’est une éducation. L’anarchie, ou l’auto-gouvernement, sans éducation, c’est le bordel. L’abbaye de Thélème était réservée à une élite. Les millions de gamins qui ont grandi dans l’habitude de prendre ce qu’ils veulent sur le net deviennent adultes, et ce sont ceux auxquels je suis confrontée tous les jours, quand ils copient des sites, parce qu’ils seraient bien cons de payer ce qu’ils peuvent prendre.
Le « libre » est une philosophie de circulation de la connaissance, et de partage. Elle n’est possible que dans un cadre qui en respecte les bases.
Le gamin qui « pique » un fichier n’est pas un criminel, nous sommes d’accord. Mais il apprend à ne pas respecter des tas de choses essentielles.
Aujourd’hui, je lis dans les journaux marocains que Google est une banque d’images où on peut se servir.
Des journalistes marocains ont pompé, très régulièrement, mes textes, sans les citer.
Où et comment mettre la barrière ?
Alors pour conclure, si vous avez eu le courage de me lire jusqu’au bout ?
Je suis parfaitement d’accord avec beaucoup de choses :
- le piratage n’est pas la cause principale des difficultés des maisons de disque
- le piratage, en soi, n’est pas un crime
- la lutte contre le piratage ne justifie en aucun cas les moyens (il)légaux mis en place par les gouvernements français ou suisse, dont les conséquences sont nettement plus graves que le piratage
Mais je pense que le piratage
- n’est pas obligatoirement créateur de richesses au niveau global
- s’inscrit dans une logique d’opacité de la distribution culturelle qui me semble gênante
- est une des facettes d’un ensemble de comportements dommageables, et très directement
- n’est pas acceptable parce qu’il est répandu
Salut,
Je te rassure tout de suite : je suis favorable au respect des droits d’auteur.
Mais ce qui me surprendra toujours dans les différents articles consacrés au piratage c’est le peu de place qui est fait à la sociologie et que finalement que l’on soit pro ou anti, et encore pire quand c’est au niveau du législateur, on se contente systématiquement d’idées toutes faites. Ton article est très bien et explique de façon tout à fait correcte les raisons de la “protection” mais tu éludes les causes du piratage ce qui est préjudiciable, à mon avis, à l’équilibre de l’article, à sa synthèse.
Tu as à mon avis tort de considérer comme un acquis que les pirates sont des gens qui le font comme s’il s’agissait d’un sport, ou alors parce qu’ils considèrent que ce n’est pas grave même s’il en est. Si l’on poursuit la comparaison entre vol et piratage (essentiellement de musique et film, ce que tu déplores d’ailleurs) on doit, à mon sans, la faire aussi s’agissant de la sociologie du délit, ce que l’on nomme les causes criminologiques, ainsi quelles sont les raisons de voler :
– la maladie (cleptomanie, c’est le cas du pirate sportif) ;
– la bêtise (c’est le cas où le pirate croit sincèrement qu’il a le droit de télécharger de la musique gratuitement sur Internet, ou l’agence de voyage qui va utiliser ta photo pour un de ses books) ;
– le besoin.
Le besoin c’est vague d’autant qu’il peut être conscient ou inconscient mais, à mon sens, c’est lui le responsable essentiel du piratage car nous sommes dans une société qui est, au niveau de cette culture musicale et cinématographique, de plus en plus consumériste. De fait si l’on compare avec une quarantaine d’années en arrière on se retrouve avec de plus en plus d’artistes qui se disputent l’intérêt du public, de plus en plus de disques, de films, etc et un pouvoir d’achat qui n’a pas suivi le même accroissement exponentiel et des majors (du ciné et de la zick, c’est pour la longue traîne ;) )qui n’ont pas joué le jeu du “progrès technique qui réduit les couts et qui profite donc au consommateur final” de sorte que tu te retrouves dans une situation schizophrénique ou les gens veulent de plus en plus mais ne peuvent pas donc ils piratent.
Pourquoi piratent-ils et ne sont pas freinés par nos “habitudes judéo-chrétiennes”, c’est encore une appréciation personnelle, parce que la société est de moins en moins juridiquement juste et que les gens se disent peut-être que “ca va pas lui manquer à cette conne qui se pavanait à saint Barth (et dans Voici) la semaine dernière”. Une illustration peut d’ailleurs être tiré de ton article même : celui de ton musicien qui vend des disques à 3 euros. Quel est le vrai prix de la culture, là était le débat qui n’a même pas été abordé alors même que l’opposition, se faisait entre les partisans du tout payant et ceux du tout gratuit.
@+
Pardon, A la fin il faut lire :
“[…]Pourquoi piratent-ils et ne sont pas freinés par nos “habitudes judéo-chrétiennes”? C’est encore ici une appréciation personnelle, la société est de moins en moins économiquement juste et que les gens ,chez qui on a créé le besoin, se disent peut-être que “ca va pas lui manquer à cette conne qui se pavanait à saint Barth (et dans Voici) la semaine dernière”[…]”
Bonjour,
c’est très intéressant, et tu as tout à fait raison.
D’ailleurs il y a un exemple “en live” avec un jeune qui déploie exactement ce genre d’arguments chez Stéphanie.
Personnellement, je ne range pas la possession de fichiers mp3 dans la catégorie “besoin vital” justifiant une prise de possession (comme les appartements ou la nourriture), d’autant plus qu’il existe plein de sources totalement gratuites pour écouter la musique, à commencer par une bande FM suffisamment large et variée. J’ai donc tendance à remettre dans les deux premières catégories (bêtise ou cleptomanie) ce qui proviendrait du “besoin”.
“le vrai prix” de la musique, et de la culture, est un très vaste sujet. Le “vrai prix”, dans une économie de marché, c’est celui sur lequel vendeurs et acheteurs parviennent à un accord.
Mais là, l’acheteur “prend” sans acheter.
Et si on inversait la question ? Si la musique était perçue comme trop chère simplement parce qu’il est possible de se la procurer gratuitement ? C’est là donc je prends ? Si en fait, la bonne vieille peur du gendarme était un élément essentiel au respect d’autrui ?
L’argument de la conne à saint barth a tendance à oublier toutes les petites mains qui vivent aussi de la musique, sur le même disque, arrangeurs, choristes, etc, qui ont rarement les moyens de se prélasser à Saint barth, et qui sont lésés de la même façon.
En fait, il est très simple de léser une entité abstraite, une vedette qu’on ne voit qu’au cinéma. Et tout aussi simple de ne pas voir “le reste”.
Ce qui est dommage, c’est que les campagnes de comm ne portent pas là dessus.
Bonjour Marie-Aude
Excellente réponse à un excellent article… qui a juste occulté un pan entier des “biens et créations culturels” sujets à piratage (la photo en tête…)
Pour ma part, 100% des CD musique sont achetés en magasin chez moi : deux raisons… La première est que personnellement je n’écoute jamais de CD (je préfère la radio ou la TV), et la seconde, c’est qu’à chaque achat, c’est un cadeau pour ma moitié et je ne me vois pas lui offrir un CD Verbatim ;-)
PS : Attention, 79€ divisé par 100 ça fait 0.79€ et pas 7.9€ ;-)
Bonjour Cédric
Arghhh tous mes calculs sont faux :)
Tant pis…
Pour l’oubli de la photo (et des textes), il est malheureusement au départ chez le législateur. Après Stéphanie n’est pas une photographe pro, et elle a une vision des choses, en ce qui concerne l’image, qui est assez proche de la moyenne …
Il m’arrive régulièrement de faire une “copie privée réservée à l’usage strictement privé du copiste” des musiques que j’aime, mais sur la base d’un CD acheté.
Très belle analyse à laquelle j’adhère volontiers.
Je n’ajouterai rien : tu connais par ailleurs ma position, j’achète tout ce que je consomme et je ne crois pas plus au “gratuit” (qui est toujours du payant caché) qu’à la république des copains :)
Szarah, contente de te voir ici.
Oui, nous sommes souvent d’accord, et particulièrement sur ce point, de la “fausse gratuité”.
Bonjour
Tres intéressant votre réflexion sur le piratage, dont je partage l’analyse.
2 remarques:
Quand j’achète une chanson sur le web 0,99 € celà me revient au meme prix que sur un cd, sans le cd, sans la couverture du cd ect…
En effet, 15 titres X 0,99 = environ 15 €, soit le prix d’un cd.
ça décourage un peu !!
Deuxième remarque qui n’a rien a voir, quand vous parlez de Wikipedia:
<>
Là j’ai eu peur et je suis allé vérifier et heureusement j’ai trouvé cette réponse, sur Wikipedia:
<>
PSEUDO-SCIENTIFIQUE, il n’y a pas d’ ambiguïté, Wiki se démarque bien des créationnistes.
Cordialement
Bernard
Désolé pour les phrases entre guillemets, je les reposte ici:
“exemple présenter le Darwinisme et les tenants de la création du monde en 6.000 ans comme c’est écrit dans la Bible”
Sur wikipedia:
“Ses détracteurs se basent sur des analyses pseudo-scientifiques ou religieuses pour contredire l’idée même d’évolution des espèces”
https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9ories_de_l%27%C3%A9volution
Bonsoir,
je vous réponds un peu tard, j’avais des urgences sur le clavier :)
si j’ai un peu poussé le trait, volontairement, c’est parce que c’est un sujet assez sensible, justement.
Or quand on va dans l’article détaillé “critique du Darwinisme“, on lit, à côté de “La majorité de la communauté scientifique considère cependant ces critiques comme injustifiées et le créationnisme et l’évolution dirigée comme des idées obsolètes, qui continuent d’être soutenues pour des raisons religieuses.” la mention “références nécessaires” ce qui me fait toujours sourire.
L’article est très complet, mais il ne fait que présenter les différents arguments en présence, en signalant quels sont ceux qui sont ou pas suivis par la majorité de la communauté scientifique.
Il n’y a justement pas de prise de position, pas d’affirmation “c’est vrai” ou “c’est faux”, mais une description extérieure de l’état d’une discussion.
Il est d’ailleurs intéressant de comparer l’article français, écrit dans un monde où 80% des gens sont convaincus par la théorie de l’évolution, et l’article anglais, alors que seuls 10% des américains croient en cette théorie. Il est beaucoup plus détaillé, et beaucoup plus argumenté en faveur de la théorie de l’évolution.
bonjour a marie aude
je tombe sur cette page et je lis un peu , je trouve que tu est tres intelligente et tes arguments sont raisonnés et necessaire car j’ai juste envie de dire ” la liberté des uns ,commence ou s’arrete celle des autres !!” …
en effet moi meme débutante en photographe free au maroc et tout court, je m’apperçois des difficultés et l’énergie qu’il faut moralement pour assumer ce titre. L’ Art et les différents metiers qui tourne dans cette catégories et je dis bien tous sont confrontés a de nombreuses personnes qui parfois n’imaginent meme pas tous les parametres qui se cachent derrière , on tombe sur des faux plan ,des nons reconnaissants et j’en passe … alors vers qui se tourner ? ou travailler, a qui faire confiance ?
Help me ? si quelqu’un connait des gens de confiance et de sincérité avec qui travailler sur le maroc et specialement la région de casablanca
bon courage a tous !!
et oui la liberté d’espression devrait changer les esprits c’est pas parce que tout le monde le fait que personne ne doit réfléchir, c’est comme l’écologie, sincèrement le résultat de l’avenir qui devrait avancer sur le present est déjà tres moche de loin ou si près …
kind’
Eh oui, Kindjah, c’est difficile de se lancer en free lance. Et pas seulement au Maroc… si la situation sur le piratage est peut être pire qu’ailleurs, pour le reste, il y a peu de différences.
Il faut du temps, de la patience, du courage, de l’obstination, du talent, et de la capacité à communiquer.
Et des rencontres. Mais celles là se font peu à peu, “en vrai”, et pas par le net, pas en lançant des bouteilles à la mer, un peu trop large.
Des gens de confiance et de sincérité ? Il y en a partout. Il faut prendre le temps de les rencontrer. Tu es marocaine, et à Casa, cela t’es sans doute nettement plus facile qu’à moi :)
Et puis soigner sa communication, montrer ce qu’on fait, avoir son site internet, cela aide aussi.
Bonne chance à toi.
Bonjour Marie aude
Merci pour votre réponse et pour tous les conseils .
Après un peu de recul et avoir ruminé ce week end je me relève et je sais bien qu’il me faut m’ armer de patience et pour l’obstination ça .. c’est en moi .
En fait je ne suis pas marocaine mais française ,je connais le maroc depuis 2 ans pour y avoir séjourné plusieurs fois et maintenant je m’y instale depuis 1 mois.
C’est un peu aussi un refuge et un mode de vie plus libérale que je recherche car j’ai travaillé comme photographe de filmage pendant 2 ans dans une grande enseigne, qui m’a vallu certes une superbe experience et de nombreux acquis techniques et relationnels mais avec pour patron un grand escro et une histoire que je ne peux dévoiler plus ici , alors c’est pour celà que je me méfis pas mal .. en vérité.
Et meme si je débute et ne pretend pas vouloir accéder au rang des meilleurs je veux juste vivre de ma passion, et passer du statut (elle débute ok ,on te met un nom ,on te fait rentrer .. comme vous avez si bien cité , le bon pain n’est pas gratuit !! ) ,a une reconnaissance honnorable de mon metier.
Je n’ai pas de site internet mais si vous voulez jetez un oeil par plaisir sur mes images je vous ai joint mon myspace / avec le meme pseudo, Kindjah.
Merci beaucoup pour cet échange !!
à bientot
Wouaye, je suppose que mes deux comms are awaiting moderation pasque y a des liens dedans. Au cas où, il s’agit, au bout du 2e lien, du texte et des références de la loi marocaine sur la protection des œuvres et de leurs auteurs…
…pour servir et valoir ce que de droit.
marie aude, j ai juste une petite question :
si tu vends ta photo “la Reine des Roses “, est ce que tu redonnes a la personne de cette photo, une partie de l argent gagne ?
50\50
si ce n est pas le cas, je pense que tu fais aussi du piratage, car tu voles la beautee d une personne pour te faire de l argent.
arretez de penser que tout est a vendre…
faite le par plaisir et non pour vous faire des tunes
Le propre du “bon sens” c’est qu’il est parfois totalement à côté de la plaque.
“Arrêtez de penser que tout est à vendre”, je veux bien, vous pouvez transmettre l’information à mon boulanger, à mon fournisseur d’accès internet, à mon vendeur de pc, à mon centre des impôts, à mon garagiste, à mon médecin, etc ?
Ou bien le détail que je sois une photographe professionnelle, censée gagner sa vie avec ses photos vous a t il échappé ?
J’aimerais bien être Crésus et pouvoir tout faire par plaisir, mais ce n’est pas le cas.
Deuxième chose, il se trouve qu’un certain nombre des gens qui utilisent cette photo sans mon accord “font de l’argent” avec comme vous dites.
Enfin le cadre juridique.
Le “vol de beauté” n’existe pas.
J’ai beau cherché, je ne vois pas, peut être pouvez vous m’indiquer où cela se trouve ?
En revanche je connais un truc, qui lui est clair et précis, et qui est le droit à l’image. Et je trouve cela nettement mieux, parce que cela protège les laids comme les beaux. Et qu’on n’a pas à se poser la question oh combien philosophique de “et c’est quoi la beauté”.
C’est un cadre juridique assez clair. Ce qui est bien dans le droit, c’est que ça donne des règles pour tout le monde, qui peut les respecter (ou pas… mais en subir les conséquences).
Le droit à l’image dit en gros que chaque personne à la maîtrise de la diffusion de sa propre image.
A quelques exceptions près, comme par exemple les manifestations publiques, les spectacles. Là, plusieurs choses interviennent, notamment la relation entre l’organisateur du spectacle et les participants (la reine des Roses), et entre l’organisateur du spectacle et la presse et les journalistes.
Et les conditions de prises de vues au Moussem des Roses sont assez simples. Rien n’est interdit. (Sauf les officiels dans la tribune et les policiers, c’est comme d’hab ça).
Quant à donner 50% de ce que je gagne à la personne…. certes, après tout pourquoi pas ? A une condition, c’est qu’elle me donne en échange 50% de tout ce que j’ai dépensé pour pouvoir faire ces photos (donc on compte deux appareils photo numériques, deux objectifs, un ordinateur, photoshop, le cout de mon temps, et celui du transport à Kelaa).
Pour finir, parce que je n’apprécie pas du tout cette façon de décider de ce que je devrais faire et de comment je devrais (ou pas…) gagner ma vie, il se trouve que je fais signer la plupart du temps une autorisation de publication quand c’est nécessaire. Et quand je n’ai pas l’autorisation de publication, je m’interdis de vendre, et souvent même de montrer.
Nous avons aussi monté une association, et chaque année nous vendons des cartes de voeux et des calendriers dont les bénéfices vont directement aux nomades, qui se trouvent sur les images. Alors si vous voulez me contacter pour “vous faire plaisir” et participer à cette redistribution, cela sera avec un grand plaisir.
Bonjour, vous parlez beaucoup de piratage dans le sens “revente de cd copié”, je suis un pirate qui aime LA musique, et j’achète énormément, mais je suis totalement contre la revente de copie, ça c’est insultant envers les artistes.
Je suis totalement d’accord avec le fait que le piratage amène une richesse culturel qu’on avait pas avant … ça m’énerve de me dire que je dépend de quelqu’un d’une fnac , d’une maison de disque qui trie les artistes … etc …
il y a quelque années j’ai découvert infected mushroom un groupe de psychedelic transe israélienne, jusqu’il a très peu , il n’y en avait pas dans les fnac ou autre virgin, et pourtant ce groupe n’est pas du tout inconnu du monde au contraire, ils sont tout le temps en tournée, font à chaque fois des milliers d’entrée … bref la france niveau musique c’est pauvre … très pauvre ! donc je vive le piratage ! vive cette diversité musicale qu’on ne pouvait pas avoir avant !
et une chose, les pirates, c’est pas le pti kéké qui va télécharger son album sur des sites de torrent ou autre emule … c’est les gars qui travaillent à la fnac, maison de disque, journaliste et autres … et oui .. ils sont là les pirates ! mais de vrai pirates ! si vous connaissez le sujet “Si vous aimez, Achetez !”
Bonjour,
non je ne me limite pas au piratage comme la revente de CD copié.
L’exemple que vous donnez est un cas concret auquel je suis confrontée tous les jours, vivant dans deux pays où j’ai du mal à trouver ce que j’aime.
J’ai pourtant du mal à croire que ce qui peut être trouvé en “pirate” ne puisse pas être trouvé sur un magasin en ligne.
Par ailleurs la plupart des réseaux peer to peer ou torrent fonctionnent sur la base d’une réciprocité, vous pouvez télécharger dans la mesure où vous offrez. Même si il n’y a pas “revente” au sens financier du terme, il y a bien redistribution de la musique piratée, pour en tirer en avantage (d’autre musique ou d’autres fichiers).
Après savoir qui sont les “vrais pirates” ? Ce sont toujours les autres … non ? La question n’est pas je crois de savoir qui fait “plus”
Sinon vous m’excuserez d’avoir modéré votre lien, mais bon, c’est moi l’éditeur de ce blog.
Comme je le disait dans un com’ qui n’apparait pas, il existe au Maroc une loi qui protège le droit d’auteur. Il s’agit du Dahir n°1-00-20 du 9 kaada 1420 (15 février 2000) portant promulgation de la loi n°2-00 relative aux droits d’auteur et droits voisins, parue au BO n°4810.
Si on se fait pirater, ce qui a pu m’arriver en tant qu’illustrateur, il suffit souvent de se pointer chez le pirate avec la loi sous le bras et de le menacer de porter plainte pour obtenir réparation. En tous les cas j’ai beaucoup moins de problèmes depuis que j’y fait référence dans TOUS mes devis et factures.
Maintenant, chère Marie Aude, que vous ayez du mal à croire “que ce qui peut être trouvé en « pirate » ne puisse pas être trouvé sur un magasin en ligne” est une chose, MAIS; premièrement : il est tout de même beaucoup plus rare de trouver une boutique en ligne qui accepte d’être payée en dirhams, ET, deuxièmement : pour y acheter quoi ? un mp3 que je devrai graver sur un CD qui va me durer, comme vous le dites 6 mois ? Ou un CD physique qui m’arriverait par la poste ? Pasque dans le deuxième cas, avec la poste locale, il y a quand même peu de chance que la rondelle arrive en bon état, voire qu’elle arrive tout court.
Donc ouais, c’est clair, il m’arrive de télécharger des mp3 ou de regarder des vidéos “pirates” sur YouTube. Et si ça me plait, quand je passe en europe et qu’il me reste quelques picaillons, je vais m’acheter un disque. Si je ne “piratais” pas un chouille, jamais je n’aurai découvert Hanne Hukkelberg, Zen for Primates, Azure Ray, Ramallah underground ou Checkpoint 303… bien que pour trouver leurs disques en France (à la FNAC, vous savez la boutique du gars d’Hadopi, par exemple), faut se lever de bonne heure.
Je reviendrai pas sur tous les points, par contre, y’a deux ou trois trucs qui m’ont fait tiquer.
Le premier, c’est en ce qui concerne l’artiste marocain. Nul ne le connais ici, mais c’est pas parce qu’il vit dans un pays ou la contrefaçon est monnaie courante, c’est juste parce qu’il rentre pas dans le modèle culturel qu’on connait et qu’on consomme. Est-ce que vous connaissez un chanteur serbe? Est-ce que vous connaissez un groupe portugais, ou amérindien? Moi perso, aucun, et c’est juste parce que c’est pas la culture que je consomme (pas forcément par choix malheureusement).
Le deuxième truc qui me fait un peu grincer des dents, c’est “la gratuité est viable et juste”. Oui, 100 fois oui! Mais dans la limite de ce qui est immatériel. Une musique, ou un logiciel par exemple. Quand on veut un support physique il est normal par contre de payer ce support.
Je ne demande qu’à acheter un porte-clé lumineux à la con à l’effigie de mon groupe préféré, un poster avec un faux autographe, ou une clé USB sur laquelle seraient regroupés tous leurs morceau. Bon, je parle pas des CDs. Pour moi, les CD ça a toujours été de la merde en plastique, depuis le tout premier que j’ai vu jusqu’au dernier que j’ai jeté à mon chien tel un freesbie : c’est fragile et mal protégé, cher, encombrant, énervant parce que ça “saute”… bref, faut pas déconner, je ne paierais jamais pour un CD, c’est n’importe quoi. La cassette était une bien meilleure idée)
Bref, le gratuit est viable, il n’empêche pas le financement. Tout comme les logiciels dont tu parles : Firefox, seamonkey, Linux, mêm les non-libres comme opera, et tant d’autres, qui trouvent en la gratuité un modèle économique viable sur le long, le moyen, et le court terme.
Un troisième truc m’a fait tiqué, très légèrement, (enfin y’en a eu d’autres mais me connaissant, déjà réagir à 3 choses ça fera un sacré paquet de choses à lire à notre chère Marie-Aude :) ). C’est en ce qui concerne le mythe “on peut faire ce que l’on veut avec le libre”.
Là encore, tout dépend de certaines conditions. Là, il s’agit de licences. Les licences libres sont diverses et variées. Parmi elles, il en existent des basiques (GPL, GPLv3, CC, etc..) il en existe des plus libres encore (BSD par exemple, la plus libre des licences “propres”) et il en existe une totalement libre, moins connue car plus “underground” (mais qui a une réelle valeur législative) qui s’appelle la WTFPL. La fonction de la WTFPL, c’est “do what the fuck you want to public licence”, et elle dit bien ce qu’elle dit. Sur le site officiel de cette licence, on peut y lire qu’on a le droit de faire ce qu’on veut.
J’ai moi-même distribué un thème d’icônes pour Gnome, que je ne me sentais pas la force de finir et de mettre en oeuvre, sous licence WTFPL. Aujourd’hui j’utilise des thèmes d’icônes qui reprennent celles que j’avais créées autrefois, et je trouve ça flatteur mon égo.
Autant je peux vouloir un respect des droits d’auteurs sur des choses que je fais, autant sur d’autres, j’en ai rien à faire. Il faut laisser le choix aux créateurs (je dis pas artistes, dans mon cas comme dans celui de la troupe de “mozart opera rock”, ça serait du foutage de gueule…).
C’est là je pense toute l’importance du débat : informer les créateurs sur les alternatives à un modèle économique mort : la vente de CD c’est un cadavre que Vivendi et la fnac font tenir comme une marionnette cassée, mais c’est bel et bien un cadavre et il faudra l’enterrer, il commence à sentir fort. Informer les artistes sur le fait que le partage des oeuvres sur internet ne nuit pas à la création, qu’il l’encourage même, ça c’est je crois la seule chose à faire.
A chaque fois, ceux qui se plaignent du piratage sont ceux qui ont choisi des licences restrictives et privatrices, assez ridicules pour des créations artistiques. Ce n’est pas pour rien, c’est seulement que ces licences ne sont pas du tout adaptées à l’art en l’an 2009.
Je suis certain que si les créateurs connaissaient les enjeux, ils changeraient immédiatement leur vieux Copyright pour des licences plus adaptées (au moins des CC)
J’aime bien les gens qui ne sont pas d’accord avec moi de façon posée et argumentée :)
En ce qui concerne l’artiste marocain, je peux te répondre de mon point de vue. Mariée à un marocain, et vivant la moitié du temps au Maroc, c’est une culture que je connais bien et que je consomme avec plaisir. Et un certain nombre d’entre eux se produisent aussi en France, notamment tout ce que j’appelle la mouvance world music, gnawa nouvelle donne, etc…
Maintenant ma question n’était pas “connaissez vous un artiste marocain”, mais “connaissez vous un artiste marocain qui se produise au Maroc” ?
Dans les grands, dans ceux qui bougent les foules, on va dire trois ou quatre. Les autres… partis à l’étranger. Il n’y a pas de moyen de rentabiliser une structure réelle de production musicale au Maroc.
Dans un autre domaine, qui est celui du cinéma, ce pays, qui a vu le tournage de plusieurs dizaines de grands films, n’a plus qu’une dizaine de salles de cinéma. Qui toutes ferment, les unes après les autres.
La diffusion de certains bouquets satellites a été bloquée vers l’Afrique du Nord (le Maroc n’est pas le seul). On en est même arrivé à un point où le film Home de Yann Arthus Bertrand était bloqué par Youtube, quand tu avais un IP marocaine. “Problème de droits”
Il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre dans ta séparation entre gratuité juste pour l’immatériel et injuste pour le matériel.
Quand tu achètes le porte clef, tu payes plus que le cout de la matière, du travail et du transport. Tu payes aussi la marge. La rémunération des services immatériels qui ont contribué à sa fabrication, comme par exemple le design. Un dessin (une photo) sont tout aussi immatériels qu’une musique, surtout à l’heure numérique.
Alors en quoi le petit bout de plastique dont le cout doit représenter à peine 20% du prix total peut il justifier tout le reste ?
En ce qui concerne le choix à laisser aux créateurs, je suis tout à fait d’accord avec toi. Et finalement, le fond du problème, pour moi, c’est que ce choix doit rester celui du créateur, il ne doit absolument pas lui être imposé par quelqu’un qui décide de lui même de ce qu’il peut prendre ou pas.
On ne peut pas faire ce qu’on veut avec le libre, sauf si le “créateur” le décide :) mais le choix, au départ, doit lui appartenir.
C’est en cela que le piratage est un toujours un peu un vol.
Par ta culture, par ton engagement dans le monde du libre, c’est quelque chose que tu comprends, et que tu respectes. Mais tu représentes une minorité.
Je suis régulièrement le flux d’AcidPump. Il y a énormément de daube, mais au milieu de tout ça quelques pépites. Des photos qui me plaisent, me surprenent, me transportent, et dont jamais je ne connaîtrai l’auteur, parce que c’est “normal” de diffuser une photo sans en citer l’auteur. (et là on ne parle même pas d’argent, on parle de la simple reconnaissance, ou même tout simplement pour moi de la possibilité d’aller en voir plus, à la rencontre de ce photographe qui m’a séduite).
Comme tout le monde, ils ont aussi repris les séries des “x” photos de l’année. Que j’avais vues sur The Big Picture.
La différence entre les deux sites ? D’un côté, des images soigneusement légendées et atribuées, porteuses de sens. De l’autre, une série d’images, sans aucune explication, ni contexte.
Cela symbolise cette dérive, cet irrespect des droits moraux autant que patrimoniaux, et aussi une dégradation de la façon dont on “consomme” la culture, parce que trop fast food.
Je suis persuadée que de nouveaux modèles économiques vont se développer, et que le prix du disque va baisser. Des sites qui permettent de préfinancer des artistes par exemple (et maintenant le concept s’étend aussi à l’enquête journalistique), mais “même” si le cd devait disparaître (sur une vingt cinq ans, il a quand même mieux résisté que mes K7), ce n’est pas une raison pour mépriser les droits des artistes.
Et il ne faut pas oublier que le piratage ne concerne pas que la musique… même si c’est le cheval de bataille gouvernemental, c’est aussi les textes (et les devoirs pompés sur internet), et les “arts graphiques”.
Comment réagis tu si on te pirate intensivement justement une des choses pour lesquels tu souhaites un respect de tes droits ?
Pourquoi est ce que le cadre légal actuel serait inadapté ? Un CD est trop cher ? OK, faisons du Deezer, du pay per hear. D’ailleurs je viens de voir que les séries américaines vont enfin être disponibles en France l’année de leur diffusion aux US, par des bouquets numériques. Pour environ 40 euros la saison complète. Une saison, 20 épisodes, donc 15 heures de visualisation. On est à moins de trois euros de l’heure. Est ce que c’est encore trop cher ? Et combien de ceux qui vont continuer à pirater sont réellement incapables de se payer cela ?
(Sinon je suis aussi bavarde que toi)
J’ai lu en diagonal mais je me bookmark cette page ainsi que le lien cité dans le premier article pour m’y attarder un peu plus ! j’adore ce débat et j’y ai aperçu quelques petites choses qui me plaisent bien auxquelles je vais très certainement revenir pour réagir si cela mérite un argument de lus ou non !
Avant de survoler ce pavé, j’ai lâché le mien sur mon blog quelque part par là, cf plus bas, mais certaines choses seraient du coup à pirater et afin de le compléter :D
Je m’exprime quant même vite fait sur une chose, le piratage de texte !
On voit de nombreux copiés/collés sur le net, une copie pure et simple fautes d’orthographes incluses ! ça, ça me débecte, quant l’original est cité … à la rigueur et encore niveau classement sur les moteurs de recherche si le copieur est mieux positionné dans son ensemble (car il copie plus) il sera en tête de liste.
Mais sur les sites aujourd’hui on parle bien souvent de choses qu’on a pas inventé, on ne découvre pas la roue, donc nombre de Webmaster pioche à droite à gauche de l’info et la mouline à leur sauce, aucune de ses sources n’a un droit plus valable que lui, aucun n’est l’inventeur, le chercheur, le médecin, le scientifique, l’historien ou je ne sais quoi qui est réellement à la source d’une documentation, d’un article quelconque.
Les gars qui font des tutos sur photoshop et qui s’approprie un droit de copyright ont tout faux, le copyright c’est Adobe qu’il l’a avec sa documention mise en ligne, moi quant j’explique ce que c’est que le diabète je n’ai aussi aucun droit et avantage sur ce que j’ai dis, je ne suis pas chercheur ni la personne qui a découvert le diabète, j’ai le droit d’informer mais sur quelque chose qui ne m’appartient nullement donc si quelqu’un recopie mot à mot ce que j’ai dit, je trouve celà plus triste car la personne manque complètement de tact et de compétences mais je ne suis pas le propriétaire du contenu ! que de la mise en forme mais un mots c’est un mots, une phrase est une phrase et la langue française ne m’appartient pas ! et on trouve donc de très nombreuses versions de la définition du diabète, elles disent toutes la même chose et ce de manière relativement identique, si y en a un qui s’éloigne il s’éloigne aussi de la description exacte !
Pfff, j’en lache des pavés moi ce soir ! après y a le vol de pensées, on exprime une pensée et on nous la prend, pareil, proprement fait je ne suis pas forcément la seule personne à pouvoir avoir cette idée, si c’est une copie de mes fautes d’orthographes ….
Pour la photo ce sera un prochain pavé car là vous en avez marre de me lire :D
J’ai oublié mon avis perso sur mon blog ici :
Pour l’avis perso… suffit de faire un trackback ^^
Sinon pour répondre à quelques petites choses
C’est bien le problème.
Oui et non. Pour bien connaître la doc en ligne d’Adobe, elle n’est pas toujours très explicite, et pas non plus au niveau d’un tuto. (La doc en ligne sur l’effet des différentes couches et des tutos sur la conversion en noir et blanc, on est à des années lumières).
Par ailleurs, il y a souvent (parfois ?) originalité / créativité dans la mise en place des différents paramètres, de l’ordonnancement des étapes, etc.
Il y a aussi dans les bons tutos une originalité dans la création de l’image source.
Et les bons tutos mentionnent les copyrights Adobe.
Donc on est dans le cas d’une oeuvre dérivée, puisqu’il y a création originale sur une base existante…
Tout ceci bien sûr n’étant valable que pour les “vrais” tutos.
En ce qui concerne votre site sur le diabète, pour l’instant pour le contenu, c’est vrai :)
Le plagiat d’un texte cela s’apprécie avec pas mal de critères, dont le volume, et le volume des mots recopiés, ainsi que l’originalité de ces mots.
Je vais vous donner un exemple : j’ai fait un site sur le Maroc, avec pas mal de doc compilée, aussi, mais toujours réécrite.
Il est clair que certaines descriptions, comme un paragraphe sur Jemaa Fna, quasiment tout le monde a les mêmes. En revanche, j’ai d’autres pages où copyscape ne me sort aucun contenu dupliqué. Et puis “hop” un jour, ça vient, parce qu’un journaliste a sorti un article entièrement recopié de mon site, et sans en citer la source.
Pour Photoshop, c’est exact, il y a du travail et du temps passés entre le moment où le gars à lu la doc d’Adobe et celui où il a maitrisé une technique, seulement aujourd’hui comment savoir qui a mis au point quoi ? tu sais tout autant que moi sinon plus qu’il y a une multitude de sites qui proposent des tutos, souvent les même et souvent ….. je ne m’attarderais pas sur la qualité. Et c’est pour tout pareil et bien souvent les “gros” sites ne sont pas forcément ceux de meilleur qualité.
Pour faire court, même si je trouve ça dans le fond un peu dommage, je pense que quant on fait quoique ce soit sur le net, faut oublier de suite une bonne partie de nos “droits” et l’assumer, on garde le droit de ne rien mettre en ligne, de s’inscrire nulle part ….
Quant au trackback et a copyscape … ce sont des choses que j’ignore légèrement :D
Pfiou .. j’ai tout lu !! pitié avec vos pavés lol non, c’est vrai c’est long à lire mais j’adore ces débats où on garde un respect des idées des autres.
Nous ne sommes ni meilleurs ni moins bons les uns des autres, juste différents ! et pour moi cette phrase signifie aussi que nul ne peut prétendre à une notion trop stricte de ce qui est bien ou ce qui est mal.
Les CD, je trouve aussi que c’est pénible, complètement dépassé puis je trouve ça vulgaire, moi mon truc c’est les vinyles pour le format, la présentation et le mp3 pour l’écoute.
Le téléchargement “légal” et payant de mp3 …. ça revient à cher, je n’ai pas le support et la seule fois où j’ai testé je n’ai pas pu écouter le mp3 sur mon baladeur …. alors si c’est pour qu’il reste sur mon PC connecté au net je n’en vois pas l’intérêt, y a Deezer pour ça !
Un droit d’auteur comment ça se paie ? le CD que j’ai acheté avec mon ex en commun, aujourd’hui il revient à qui le droit d’auteur ? on en a chacun une moitié ? comme le chien ? mon vinyle, est ce que si je le télécharge je suis dans l’illégalité ? j’en ai d’autres des comme ça, bêtes, ouai peut être mais pourtant concrètes, la loi utilise le droit d’auteur comme prétexte mais sur un CD ce n’est pas eux qui coutent le plus cher et la loi ne prévoit rien pour justifier le paiement d’un quelconque droit d’auteur et encore moins pour les droits d’auteurs achetés il y a quelques années et pas non plus sur ceux que je paie quant j’achète des vinyles d’occasions !
Quand vous achetez des vinyls d’occasion, le premier propriétaire n’a plus la possibilité d’écouter le disque. Il n’y a donc pas lieu de dupliquer le paiement des droits d’exécution (nom plus exact pour les droits payés sur les disques).
Et le salon que vous avez achetée avec votre ex en commun, vous faites comment ? Vous le passez dans l’imprimante 3D pour en avoir chacun une copie ?
Et votre vinyl, si vous le copiez et l’uploader, ben oui, c’est illégal (mais ça touche au débat très intéressant des oeuvres orphelines.)
Et puis je peux même vous dire un truc, autrefois quand vous copiez une K7 pour en avoir une à la maison et une dans la voiture, ça aussi c’était illégal… simplement ça ne c’était pas industrialisé comme maintenant, on ne pouvait pas lancer le magnéto tourner en boucle sur un torrent, alors on s’en foutait un peu.
“la loi utilise le droit d’auteur comme prétexte mais sur un CD ce n’est pas eux qui coutent le plus cher et la loi ne prévoit rien pour justifier le paiement d’un quelconque droit d’auteur”
Je ne comprends pas ?
la loi n’utilise pas le droit d’auteur comme prétexte, elle institue le droit d’auteur. Elle devrait se justifier elle même ?
Que la loi change, et après on verra bien :)
Ha bon, la copie privé dans un cadre familial était interdite ….
L.122-5 et 211-3
Arf .. me suis trompé, c pas du BBcode qu’il fallait utiliser …
Et, aussi, qu’appelle tu oeuvres orphelines ?
Pour le bbcode c’est corrigé :)
Les oeuvres orphelines, ce sont toutes les oeuvres numérisées dont on ignore totalement les auteurs.
(Mais vraiment totalement, après recherche sérieuse, pas le genre “oh la belle image que j’ai trouvé sur AcidPump, vous savez à qui elle est ? Non, bon j’ai le droit de l’utiliser).
Il y a de grands débats, parce les nords américains préparent une loi permettant l’utilisation de ces oeuvres, sous réserve de paiement à un fond qui servirait éventuellement à payer les auteurs si ils sont retrouvés.
Personnellement, je trouve que c’est plutôt une bonne chose (tu vois, je ne suis pas butée sur tout), toute la grande question étant “ok, mais comment fait on pour prouver qu’on a vraiment cherché les auteurs, et qu’est ce qu’on appelle une recherche raisonnable, à l’heure de l’internet ?”
En gros, peut on raisonnablement en vouloir à un américain pas doué en langue de ne pas retrouver l’auteur lituanien d’une photo ?
Le débat porte sur tous les fonds bloqués à l’exploitation des grandes librairies, mais aussi à terme des banques d’images, comme par exemple FlickR ou DeviantArt.
Et dans ce cas ce n’est pas simple du tout.
Donc personnellement, aujourd’hui j’ai quitté DA, et je supprime un certain nombre d’images de ces comptes, pas parce que je ne veux pas les montrer, mais parce que je veux pouvoir en maitriser autant que possible la diffusion.
Houla ! c’est chaud ton histoire ! je ne voudrais pas décourager mais comme tu le précises, comment justifier une recherche sérieuse !
On m’en a piqué une de mes photos y a quelques semaines, moi ça flatte mon égo ! ce qui est plus, non, moins acceptable c’est le vulgaire recadrage fait dessus pour virer le filigrane, si seulement ça avait été bien fait ou même si le gars la retouche complètement pour lui donner un genre différent mais respectueux de l’image mais là ! c’est gâcher une photo, c’est pas qu’elle soit si parfaite que ça, loin de là mais faut pas lui aggraver son cas !
J’ai contacté la personne, je pense de manière plutôt sympathique en lui proposant même une version plus adaptée à son usage, réponse ? aucune et il l’a enlevé ! c’est vrai que c’est … vexant n’est pas le mot, c’est plutôt triste ! Bon, ça ne m’empêche pas de continuer à mettre mais photos en ligne, d’une parce que je suis conscient que leur qualité n’attirera pas des vautours puis ensuite par rapport à toi on a pas du tout la même finalité de nos photos, même si je ne désespéré en me disant qu’un jour mes photos auront un intérêt un peu plus large qu’actuellement !
Bref encore un pavé pour dire que ce qui me gène le plus ce n’est pas l’utilisation frauduleuse, du moment que la photo ne fini pas sur le périph en format 4 mètre sur 3, mais le non respect de l’image !
C’est toute la question :)
Maintenant les anglo saxons ont une tradition juridique différente de nous, beaucoup plus basée sur la jurisprudence. Dans un cas similaire, qui est celui du “fair use”, celui qui veut utiliser un matériel protégé doit aussi prouver qu’il a vraiment cherché et qu’il n’y avait pas moyen de faire autrement.
Mais je vois qu’on se comprend un peu ^^ le non respect est toujours le sentiment qui vient en premier. L’aspect financier est secondaire (sauf pour certains qui ne comprennent que cela)