Droit d’auteur, c’est pas moi c’est la stagiaire !!
Dans la série “plus c’est gros plus ça passe”, au sous-chapitre “tu es blogueuse pro ou mode ou ce que tu veux, prends une assurance juridique, ça peut rapporter gros“, j’espère très fort que Fruity Girl va aller voir un avocat et arrêter d’être gentille avec Casino qui lui a piqué sa photo par personnes interposées.
Donc, Fruity Girl est une blogueuse mode qui vient de s’apercevoir que Casino mettait en vente des T-Shirts imprimés avec sa photo. Et elle nous explique, dans son article publié par le Nouvel Obs, que Casino est quand même super sympa, ils ont réagi hyper vite.
Ils ne sont pas sympas… ils ont les jetons, et ils te baladent, chère blogueuse mode.
J’ai été très surprise en voyant ces produits, et surtout très choquée de n’avoir jamais été contactée pour avoir mon autorisation d’apparaître sur des tee-shirts, surtout à une fin commerciale ! C’est absurde.
Ce n’est pas absurde, c’est du foutage de gueule…
Suite aux nombreuses réactions sur internet, le groupe Casino m’a aussitôt contactée pour me signaler que les tee-shirts à mon effigie vendus dans leur magasins n’étaient pas fabriqués par Casino, mais qu’ils avaient été achetés à un fournisseur se situant à Paris, celui-ci ayant acheté la photo auprès d’un graphiste indépendant.
Ils sont super au courant. Dommage qu’ils ne se soient pas documentés de la même façon pour les droits à l’image.
Le groupe Casino m’a certifié que les produits ont été retirés de la vente de l’ensemble des magasins et renvoyés au fournisseur, et qu’il incombait au fournisseur et non pas au groupe Casino la responsabilité de s’acquitter du droit à l’image.
Je suis vraiment satisfaite de la réponse du groupe, et surtout de sa réactivité. Les t-shirts sont retirés et pour moi, c’est le principal !
Essayons de voir les choses un peu juridiquement.
D’un côté, on a un grand groupe, qui t’explique qu’il a retiré les produits de la vente, mais qui ne te dit pas combien il en a vendu. Et qui te dit “c’est pas moi c’est l’autre”. Et tu es contente.
Le problème, c’est que l’autre va te dire la même chose “ah mais c’est pas moi, c’est le graphiste, ouh le vilain graphiste”. Et le graphiste, il vit au SMIC et voilà…
Donc, on a un magasin qui vend un produit avec ta photo. C’est lui, le seul qui a commis une infraction dont tu as connaissance. Et c’est lui le seul que tu dois attaquer. Oui, attaquer. Pas dire “merci monsieur vous êtes gentil”.
Pourquoi tu ne peux pas attaquer le fournisseur intermédiaire et pourquoi ça ne sert à rien
D’abord parce que tu n’as aucune preuve de ce que Casino affirme. Après tout, peut-être que le fournisseur a dit “oui, vous la trouvez sympa cette photo, mais il n’y a pas de droits dessus”, et Casino a répondu “on s’en fout, on prend le risque”. Quelle preuve as-tu ? Le contrat d’achat ? Ou juste un contact ?
Deuxièmement, parce que le dommage pour lequel tu peux obtenir réparation est lié en partie au chiffre d’affaires réalisé. Il y a le chiffre d’affaires du fournisseur, et le chiffre d’affaires de Casino.
Combien de Tshirts ont été vendus à la cliente finale avec une mega-marge ? Seul Casino le sait. Si tu dis “merci Monsieur Casino” et que tu te retournes vers le fournisseur, comment veux-tu forcer Casino à donner ses chiffres ?
Enfin, demande-toi qui a le plus de bénéfices pour pouvoir te payer ? Qui craint le plus le bad buzz ? Casino, un fournisseur qui peut très bien décider de faire faillite et recommencer une autre boite, ou pire encore un graphiste ?
Les relations entre Casino et ses fournisseurs divers et variés ne sont pas ton problème
Tu attaques Casino (ou tu négocies, mais bien… renseigne-toi).
Après, Casino qui sait exactement ce qui s’est passé avec le fournisseur se retourne contre lui… ou pas. Et là, le fournisseur, éventuellement, se retourne contre le graphiste… ou pas.
C’est celui chez qui l’infraction est constatée qui en est responsable. Et si effectivement, la stagiaire, le sous-traitant, la météo, le poisson rouge est responsable, il saura bien se retourner contre eux.
Faire autrement, c’est simplement dédouaner le principal responsable
C’est Casino qui met la pression sur les prix à ses fournisseurs. Il sait parfaitement combien coûte un TShirt avec un graphisme original, ou avec une image “libre de droits”. Il y a de fortes chances que tout le monde, dans l’histoire, ait pensé que “ça passe”.
Une grande centrale, ça passe son temps à vérifier, à mettre des procédures, des chartes, des normes en place. Le jour où tu vendras un truc illégal sur ton site, si ça t’arrive, tu ne pourras pas dire “ah je ne savais pas, j’arrête, pardon, c’est mon fournisseur”. Tu es entrepreneur, blogueuse pro, grande surface, tu es responsable…
Alors, s’il te plait, ne soit pas gentille avec Monsieur Casino, qui n’a rien de sympathique.
“Alors, s’il te plait, ne soit pas gentille avec Monsieur Casino, qui n’a rien de sympathique.”
Non, en effet, M. Casino, n’a rien de sympathique.
Une petite histoire (absolument authentique) qui l’illustre bien, c’était justement dans un Géant Casino de Bretagne :
http://www.grincant.com/2013/12/14/plan-vigiclodo-a-l-hypermarche-scene-de-noel/
J’en possède d’autres dans ma besace sur le sujet, mais celle-là suffira ;-)
C’est terrible que les gens essaient d’être gentils avec des personnes qui n’en ont rien à cirer… En effet, un bon coup sur le nez de M.Casino ne lui aurait pas fait de mal. Mais quelque fois, on est trop bien élevé – j’en sais quelque chose, mes parents m’ont expliqué que c’était mal de demander de l’argent (alors comment je gère mes contrats ?).
Avant même d’évoquer le droit à l’image, il y a contrefaçon. C’est plus facile à plaider (avec un avocat, un vrai, un qu’est spécialisé) et les sanctions peuvent être beaucoup plus lourdes. Le droit à l’image, c’est juste pour le bonus.
Il y a une grave erreur dans ton texte : le graphiste ne travaille pas au smic, il travaille *au-dessous* du smic – et avec un statut de stagiaire.
La blogueuse aurait dû foncer dans le lard du géant, ne serait-ce que pour s’offrir un buzz gratuit. Les médias – souvent rémunérés grâce à l’argent de Goliath – adorent les histoires de David contre Goliath, ça fait vendre de la copie, coco, et quand ça fait plus vendre ils larguent David comme un étron dans une fosse septique et s’en retournent faire des mamours à Goliath.
Tu as tout à fait raison, sur tous les points. J’espère que Clémentine va lire cet article, et qu’elle sera bien conseillée.
Ca me met hors de moi ce genre de réaction de “photographe”. C’est sûr que pour sortir des conneries pareil “Ils sont gentils, ils ont retiré la photo”. Normalement, dans ce type de situation, j’envoie une facture tarif UPP (qui sont largement au dessus du marché) majoré de 20% parce que contrefaçon, pas d’autorisation, etc avec une lettre explicative… . Si la facture est pas payée dans le mois, rappel avec nouvelle majoration, ensuite c’est le juge qui décide.
Je crois qu’au même titre que les musiciens ont la SACEM, nous devrions nous photographe, monter un truc du même genre qui va aller traquer et attaquer systématiquement les utilisateurs de DR, les contrefaçons et autre libre de droit imaginaire (concept qui, je le rappelle, n’existe pas en France).