Les petites et les grosses arnaques du web touristique
Ce billet serait plus à sa place sur 10-hotels.com, mais, #back2blog oblige, il sera sur Lumière de Lune… et puis on y parle de Web et de Référencement, on est donc “en charte éditoriale”.
Ce matin, à Marrakech, j’ai discuté avec un patron d’hôtel qui a quelques problèmes, suffisamment classiques et répétitifs ici pour qu’on ne puisse pas l’accuser d’être “idiot” ou “incompétent” (ou alors, 95% des patrons d’hôtels le sont). Disons plutôt qu’il ne connait pas toute la technicité de ce métier.
Pour résumer, l’hôtel de la Rose Blanche (nom fictif) est généreusement doté de deux sites, trois adresses mails, une page facebook… et n’a la maitrise de rien, sauf une adresse mail.
Le premier site, qui aurait pour url hotelroseblanchemarrakech.com , assez pro, est bien référencé sur les mots clés “Hotel Rose Blanche Marrakech”, mais pas du tout sur “Hotel Rose Blanche” ou “Hotel Marrakech”.
C’est la moindre des choses, mais c’est déjà ça, j’ai vu pire, et au moins sur son propre nom il ne se fait pas doubler par les centrales de réservation et ne leur paye pas de commission.
Que nenni !
Saviez vous que Booking.com propose aussi des sites clés en main ? Qu’il commercialise ces sites sur un système d’affiliation ? Et que l’heureux hôtelier paye dans ce cas non seulement la comission booking, mais une commission à l’affilié ?
Le cas du deuxième site est plus gênant : hotel-roseblanche.com/marrakech a un look nettement moins pro que le précédent. (Et c’est un euphémisme). Il se trouve en haut de page des résultats car il y a une campagne Adwords.
Trouvant étrange que l’hôtel paye une campagne de pub sur son nom alors que son autre site est bien positionné, je leur fais la remarque que leur gestionnaire de campagne pourrait travailler un peu mieux, et leur demande combien cela leur coûte… et nous découvrons qu’ils ne payent aucune campagne.
Un petit tour par les whois montrent qu’ils ne possèdent aucun des deux noms de domaines, et qu’ils ne connaissent aucun des deux propriétaires. Le premier est un espagnol avec une adresse mail correspondant à l’affiliation booking, ils ont un contrat signé avec un marocain, mais au moins pour ce site, ils savent à qui s’adresser.
En ce qui concerne hotel-roseblanche.com, le nom de domaine appartient à un des trois ou quatre gros revendeurs de noms de domaines au Maroc, que je retrouve régulièrement sur ce genre de problèmes.
Ils sont généralement revendeurs via ENOM ou d’autres très grosses sociétés, et la récupération du nom de domaine, possible, est néanmoins assez longue. Dans certains cas, ils sont revendeurs en deuxième position. Par exemple, Heberjahiz est un revendeur ENOM, qui permet à ses affiliés de revendre ensuite les noms de domaines (ce système en cascade a existé parce qu’il était difficile pour les marocains d’acheter légalement des noms de domaines à l’étranger à cause du contrôle des changes, et devrait disparaître peu à peu depuis la libéralisation de l’accès à paypal).
Il va sans dire que le mail de contact envoyé via le formulaire de hotel-roseblanche.com n’est jamais arrivé sur la boite mail du propriétaire de l’hôtel, qui commence à être un peu énervé !
Bien entendu, pour les deux sites, ils ne disposent pas des sources, ni des accès aux hébergement, et n’ont même pas la possibilité de modifier leur email, ou tout autre élément, comme l’adresse de leur page facebook… dont ils ne sont pas administrateurs.
Comme souvent, on va donc commencer par un inventaire de leur présence sur le web, et une procédure de transfert de propriété des noms de domaine. Il va falloir faire la même chose pour le compte gmail (pas évident). Une fois la propriété des moyens de communication assurée, il va falloir choisir le site le mieux référencé, faire des redirections pour l’autre, et finalement refaire un “vrai” site, avec une fonctionnalité de réservation en ligne qui ne leur coûte pas une double commission pour chaque vente.
Bienvenue dans le joli monde transparent du web touristique !
J’avoue ne pas bien comprendre l’intérêt de fermer les sites récupérés au profit du site le plus visible. Il est évident, me semble-t-il, dans ce domaine, compte tenu de la présente expérience, qu’un nouvel inconnu arrivera aussitôt la place libérée avec un autre site. Il squattera ainsi les premières places des résultats de recherche, ou bien les places qui suivent.
N’est-il pas plus pertinent de conserver l’ensemble de ces sites, quitte à ne laisser que du contenu minimum sur les sites les moins bien positionnés, afin de s’assurer des bonnes places dans les résultats de recherche ?
Pour cela, et afin d’éviter que Google ne pénalise ces résultats, on fera bien attention à utiliser des informations WHOIS totalement distinctes (avec une préférence pour des registrar capables de faire de la véritable anonymisation de WHOIS sur les sites secondaires), voire même des hébergeurs différents.
Bref, enlever les sites parasites, une fois récupérés, c’est laisser la place pour de nouveaux parasites. Conserver ces places, c’est s’assurer de la bonne visibilité de l’hôtel, du moins, à court terme.
Wow, c’est flippant cette situation, limite kafkaien, je discutais avec Artiref récemment, il est aussi spécialisé dans le ref des hôtels et ce qu’il me disait sur Booking est insensé, ils prennent 17% de coms également!
Et sur ce genre de dossier bien compliqué, qu’elles sont tes chances de réussite pour récupérer les sites ? Par précaution, n’aurais-tu pas intérêt à créer un 3eme site propre et sur lequel ton client aura la main ?
Je demande quelles sont vos chances de réussites car nous sommes là dans un imbroglio de droit international vu qu’il y a des Espagnols d’un coté, des Marocains de l’autre et des Français pour n’oublier personne.
Le dossier est un bel exemple des pratiques très limites de certaines entreprises sur le Web. Toujours le même principe celui de gagner de l’argent sans proposer aucun service, ni aucune valeur ajoutée.
“Et que l’heureux hôtelier paye dans ce cas non seulement la comission booking, mais une commission à l’affilié ?”
En fait il me semble qu’il n’y a qu’une seule et même commission que booking partage avec son affilié dans le cas d’une vente réalisée grâce à son affilié, la cookie faisant foi.
@ Jean-Baptiste, non, là vous faites référence à de la véritable affiliation, qui renvoie vers le site de booking pour faire la réservation. Là il y a un site créé avec les ressources booking, la réservation se fait sans quitter le site, et il y a deux commissions différentes facturées.
@ Martin, non ce n’est pas “évident”, étant donné que maintenant le propriétaire de l’hôtel a compris certaines choses de base. Chacun des sites a été fait à un moment donné avec son accord, mais sans la connaissance de certaines bases. Sinon il n’aurait pas “deux sites”, mais “cinquante”.
Les sites parasites qui constituent de la contrefaçon pure et simple sont très rares.
Par ailleurs, autant il est “possible” de récupérer des noms de domaines attachés à une marque, autant la récupération des sources est généralement une autre galère.
Enfin, non, je ne suis pas partisane des sites satellites sur ce genre de choses.
@ LIttlebuzz, le but du jeu est effectivement de créer un troisième site, propre, sur le nom de domaine le mieux référencé. Le site affilié de booking est très correct, mais je doute que nous puissions récupérer le code source :D quant à l’autre c’est une horreur pure et simple.
@ Frédéric, ce n’est pas la première fois que j’ai ce problème. La récupération des noms de domaines face à des revendeurs récalcitrants, quant on a de bonnes raisons à montrer au registrar (et le fait de posséder sa marque, de pouvoir montrer sur le nom de domaine un site exploitant la marque, et d’avoir en plus un contrat spécifiant qu’on est propriétaire du ndd a jusqu’à maintenant été suffisant)
@ Samuel, 17% de com ce n’est pas énorme, c’est dans la moyenne du marché. En revanche cette com + celle de l’intermédiaire, pour TOUTE réservation passée sur le site, il y a de l’abus !
Cela arrive hélas plus souvent que l’on ne crois, j’ai déjà rencontré 2 ou 3 chefs d’entreprises qui hélas ne savaient même pas que leur nom de domaine ne leur appartenait pas ! D’un point de vue moral je trouve ça abominable, mais bon je dois être trop honnête je suppose !
@Patrice, d’un autre côté, certains clients s’en contrefichent royalement (jusqu’au jour où…), et sont même du genre à afficher tous les éléments relatifs à leur domaine et à l’hébergement sur un postit bien visible.
Certains « prestataires » abusent donc royalement de la situation.
Ceux qui sont honnêtes peuvent même finir par le regretter, ce qui est un comble, car ils en voient d’autres (sans scrupules) rendre les clients totalement captifs, ou presque.
Par ailleurs, les possibilités d’anonymiser les données du Whois sont du pain béni pour les mauvaises pratiques…
Oui récupérer les code ftp de son site peut être fastidieux, comme dit patrice beaucoup de personnes ne savent pas que leur nom de domaine ne leurs appartienne pas, il y’as des charlatans, de gens honnête, comme pour le SEO black Hat, White Hat :)